Bolivie : Evo Morales, réélu, peut poursuivre sa politique progressiste

En Bolivie, le président de gauche Evo Morales a remporté les élections présidentielles le 12 octobre dernier. Avec plus de 60 % des voix, il n'y a même pas eu besoin de deuxième tour. Ce troisième mandat d’affilée montre la pertinence de son choix de mener une politique favorisant les intérêts de la majorité de la population bolivienne.

Morales, le premier président bolivien d'origine indigène, ne semble pas perdre de sa popularité. Dans l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine, sa présidence a cherché avec succès un équilibre pragmatique entre l'efficience économique et la justice sociale. D'année en année, l'économie bolivienne a connu une croissance d'environ 5 %. De même, la valeur des exportations a augmenté de façon impressionnante. Sur le plan économique, la gauche fait donc nettement mieux que la droite de naguère ! En outre, à La Paz, on a récemment inauguré le plus grand réseau de téléphérique au monde, qui représente une énorme amélioration pour la mobilité des habitants.

Morales a utilisé cette croissance économique pour combattre la pauvreté. Aujourd'hui, un Bolivien sur cinq vit dans la pauvreté, selon les statistiques nationales. Lorsque Morales a accédé pour la première fois à la présidence, en 2006, ils étaient un sur trois ! En trois ans, il a également éliminé l'analphabétisme.

Un élément central de la gouvernance d’Evo Morales réside dans une politique réfléchie de nationalisations. Le président insiste volontiers sur le fait qu’auparavant, les multinationales s’accaparaient 82 % des bénéfices tirés des matières premières du pays, alors que l’État n'en recevait que 18 %. Morales a tout simplement inversé ce rapport : aujourd'hui, 82 % du profit va à la majorité de la population. Avec cette politique, la Bolivie montre qu'il est préférable de ne pas suivre aveuglément les recettes occidentales des États-Unis, du Fonds monétaire international (FMI) ou de la Banque mondiale.

Cette politique sociale s'appuie pour une très grande part sur l'intégration régionale et sur l'anti-impérialisme. Morales suit de très près l'exemple d'autres présidents progressistes de l'Amérique latine. Il a ainsi intégré la Bolivie à l'ALBA, un bloc progressiste formé en 2004 par Cuba et le Venezuela contre les projets d’accords de libre échange grâce auxquels les États-Unis voulaient continuer à piller tant et plus le continent. Ce n'est pas un hasard si les présidents progressistes Nicolas Maduro (Venezuela), Cristina Kirchner (Argentine), José Mujica (Uruguay) et Salvador Ceren (Salvador) ont félicité Morales immédiatement après sa réélection. Le président nicaraguayen Daniel Ortega a déclaré que ce résultat était une preuve de « la force du processus de libération dans la région ». Morales lui-même a qualifié sa victoire de « triomphe des anti-impérialistes et des anticolonialistes » et a dédié sa réélection au dirigeant cubain Fidel Castro et au défunt président vénézuélien Hugo Chávez.