Donald Trump veut faire tourner à plein régime les machines de guerre des États-Unis et de l'Europe

Le premier grand discours « State of the Union » de Donald Trump a été perçu comme « modéré » par de nombreux médias. Pourtant, la veille, il annonçait une hausse des dépenses militaires annuelle de 54 milliards de dollars. Et il attend des efforts énormes aussi de la part des États membres de l'Otan. Va-t-on laisser nos pays le suivre dans sa politique de guerre ?

« Si c'est nécessaire, nous devrons nous battre et nous devrons gagner à tout prix. Je présente au Congrès un budget qui reconstruira l'armée, supprimera le système de contrôle budgétaire et provoquera une des plus grosses augmentations des dépenses militaires de l'histoire des États-Unis. » C'est en ces termes que Trump s'est adressé au Congrès américain lors de son premier « State of the Union », le discours annuel du président des États-Unis dans lequel il commente la situation du pays, évalue la politique gouvernementale et annonce les prochaines mesures. Un premier discours du genre que plusieurs médias ont commenté comme étant « modéré ».

Ce n'est pas la première fois que Trump recourt à un langage belliciste, mais c'est la première fois que la Maison-Blanche sort des chiffres concrets. La veille du State of the Union, elle annonçait une hausse des dépenses militaires annuelle de 54 milliards de dollars. Plus que le budget militaire total de pays comme le Royaume-Uni, la France ou l'Allemagne. Presque autant aussi que le budget militaire total de la Russie (66 milliards). Avec un budget militaire de 600 milliards de dollars, les États-Unis sont seuls au sommet de la liste des pays aux plus grosses dépenses militaires. Ce budget dépasse le total de ceux des 12 pays suivants sur la liste. Il s'élève à quelque 54 % du budget total dont dispose le gouvernement américain. Et, lors de son discours, Trump a même parlé de 84 milliards de dollars en plus.

Les coupes sombres dans les programmes sociaux

Tout cet argent, c'est de l'argent qui ne couvrira pas les besoins sociaux ou écologiques de la population américaine. Et, avec le président Trump, celle-ci ne se portera pas mieux. Il va appliquer une politique d’austérité afin de couvrir toutes ces dépenses.

Le sénateur de gauche Bernie Sanders a tout de suite réagi sur sa page Facebook par un message vidéo : « Le président Trump a déclaré ce soir qu'il voulait augmenter de façon draconienne le financement du Pentagone. Ce qu'il n'a pas dit, c'est qu'il compte trouver ces 84 milliards de dollars de dépenses supplémentaires pour le Pentagone au cours des 18 mois à venir en pratiquant des coupes sombres dans les programmes destinés aux travailleurs de ce pays, aux personnes âgées, aux enfants, aux malades et aux pauvres. Ne citons qu'un exemple : les 84 milliards que le président Trump veut injecter en plus dans le budget militaire déjà surgonflé, pourraient financer l'accès gratuit à chaque université publique de ce pays et ainsi commencer à alléger l'écrasante montagne des dettes que sont les emprunts pour les études en Amérique. Voilà le choix. »

Défense n'est pas synonyme de sécurité et de paix

Le gouvernement belge, lui aussi, sera bientôt confronté à un choix. Trump avait déjà posé un ultimatum : les pays de l'Otan doivent accroître leurs dépenses militaires et les porter à 2 % de leur produit intérieur brut (PIB) d'ici fin 2017. Cette exigence, Trump l'a réitérée dans son State of the Union : « Nous soutenons l'Otan de tout cœur, c'est une alliance qui remonte aux deux Guerres mondiales et à la Guerre froide et qui est venue à bout du communisme. Mais nos partenaires doivent respecter leurs obligations financières. Sur base de nos discussions solides et franches, ils commencent désormais à le faire vraiment. » Trump faisait ici allusion aux visites officielles effectuées ces dernières semaines par son vice-président Mike Pence chez les alliés européens de l'Otan. Selon Trump, tous les États membres européens de l'alliance doivent investir, ensemble, 100 milliards de plus dans la guerre. Ainsi, il entraîne le reste du monde dans un processus dangereux de militarisation et de menace de guerre.

Les plans de guerre de Trump, qui s'en est une nouvelle fois pris à la Chine et au Moyen-Orient, sont en contraste flagrant avec sa politique à l’égard des réfugiés. D'une part, il entend interdire le territoire américain aux réfugiés et économiser sur l'aide internationale. D'autre part, il est prêt à créer plus de réfugiés encore en se préparant à la guerre. Même le ministre allemand de la Défense a réagi négativement à la logique de Trump : « Nous pouvons remettre en question cette norme de 2 %. Il ne nous faut pas entamer une nouvelle course aux armements. Étant donné que les interventions militaires se sont mal déroulées dans le passé, l'Allemagne consacre aujourd'hui entre 30 et 40 milliards d'euros à l'intégration des réfugiés. C'est aussi un investissement dans la sécurité : intégrer les réfugiés les empêche de devenir des combattants. Davantage de défense ne signifie pas automatiquement plus de sécurité et de paix. »

Une marche de protestation

Le 19 février, le vice-président américain Mike Pence a rencontré le Premier ministre belge Charles Michel. Il a donné au gouvernement belge jusque fin 2017 pour mettre au point un plan en vue de l'augmentation du budget militaire. Après cette visite, Charles Michel a déclaré : « Il était bien informé et il avait bien compris que nous avons la ferme volonté politique de faire plus à l'avenir, mais il sait également que cela requiert un peu de temps. »

Pour en arriver à 2 % du PIB, la Belgique devrait investir 5 milliards d'euros de plus dans l'armée. Ce sont 5 milliards d'euros qui ne pourront pas aller aux pensions, à l'enseignement ou aux soins de santé. C'est maintenant que nous pouvons amener Michel et De Wever à penser autrement, en leur montrant clairement que la population belge ne veut pas de dépenses militaires supplémentaires et qu'elle n'est pas d'accord avec la vision de Donald Trump. Le 24 mai, lors du sommet de l'Otan, une grande marche de protestation aura lieu à Bruxelles contre la venue de Trump dans notre pays. Des milliers de personnes ont déjà annoncé leur présence à cette marche, qui sera portée par une large plate-forme constituée entre autres d'organisations syndicales, du mouvement pour la paix, du mouvement pour le climat, d'organisations féminines et d'associations antiracistes.

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