L’été dernier, c’est une icône de la lutte syndicale qui nous a quittés. Honoré Kerschaever, décédé à l’âge de 88 ans, avait joué un rôle central dans l’occupation de l’entreprise pétrolière RBP à Anvers. En 1978-1979, durant onze mois, les 150 travailleurs se sont battus pour leur job. Une lutte pour l’emploi et contre la soif effrénée de profit d’une multinationale, couronnée par une victoire historique.
Entouré d’une centaine d’ouvriers de l’entreprise de pétrole et de bitume RBP, à Anvers, le délégué principal Honoré Kerschaever franchit le portail de l’usine. Le groupe sort après onze mois passés à l’intérieur du site, où les ouvriers ont travaillé, dormi, fait du sport, vécu ensemble. Ce sont de embrassades et un tonnerre d’applaudissements qui accueillent ceux qui ont remporté une impensable victoire contre une multinationale, en plein milieu de la crise pétrolière des années 1970. Un bouquet de fleurs est remis à Honoré Kerschaever, la figure centrale de l’occupation. Sans lui, celle-ci n’aurait jamais pu être maintenue pendant onze longs mois, et elle n’aurait même probablement jamais commencé.
Les images du documentaire sur l’occupation de RBP1 sont impressionnantes. Suite au décès d’Honoré Kerschaever, nous revenons, étape par étape et en images, sur la lutte exemplaire de ces travailleurs contre la fermeture de leur usine.
Le 31 juillet 1978, 250 personnes travaillent dans l’usine RBP lorsque Armand Hammer, le directeur d’Occidental Pétrole (Oxy), la multinationale américaine qui possède RBP, annonce la décision de sa fermeture. Pour la multinationale américaine, le couperet est tombé : l’usine va fermer dans le mois. En effet, la crise pétrolière de 1973 a rendu RBP déficitaire et la situation n’est plus tenable. Les producteurs de pétrole des pays arabes ont fermé le robinet pour l’Occident et augmenté le prix du pétrole de 70%. Pour les patrons, on ne peut plus faire marche arrière.
Mais c’était compter sans l’avis, tout autre, des travailleurs de RBP. La multinationale a beau prétendre le contraire, pour Honoré Kerschaever et ses délégués et militants ABVV (FGTB), il ne faut pas se plier à cette décision. Ils croient dur comme fer dans l’avenir de l’entreprise, où certains d’entre eux ont déjà passé trente ans de leur vie. Ils veulent garder leur travail, donner un avenir à leurs enfants. « Tout le monde disait : vous êtes fous, c’est impossible », se souvient le secrétaire syndical Marcel Schoeters. Mais les travailleurs se disent qu’ils ne se sont tout de même pas battus pour rien pendant quinze ans, obtenant en 1975 un arrêté royal qui garantit à tous les travailleurs du pétrole un statut fixe et la sécurité d’emploi. Certes pas dans leur propre entreprise, mais bien dans le secteur. Avec ça, on a quand même une arme, non ?
Les grands moyens
Entre-temps, nous sommes en août 1978. Pour Honoré Kerschaever et son équipe ABVV, vacances ou pas, la résistance doit et va continuer. Début août, ils organisent un blocus de la zone portuaire d’Anvers. Puis, avec une dizaine de grands camions-citernes RBP et des dizaines de voitures particulières, ils se rendent dans la très encombrée rue Belliard à Bruxelles, où se trouve le siège de la Fédération pétrolière belge. Celle-ci a en effet signé l’accord pour la sécurité de l’emploi dans le secteur. Les hommes de RBP veulent le respect de cet accord. « Nous ne voulons pas de l’argent, mais de l’emploi ! », clament-ils – un emploi de préférence dans l’entreprise même ou alors ailleurs dans le secteur. Telle est la revendication durant les premières semaines de la résistance. Au cours de l’occupation, celle-ci deviendra « RBP ouvert ! ». Parce qu’en effet, RBP est une entreprise à l’équipement moderne, elle a encore reçu 700 millions de francs belges de soutien de l’État lors de la reprise en 1969, et en plus, des candidats-repreneurs se sont régulièrement présentés. Et, surtout, parce que les travailleurs ont la conviction inébranlable qu’ils sont assez forts pour obtenir que l’usine continue à fonctionner.
Solidarité dans le secteur pétrolier
Le 28 août, les travailleurs de RBP mènent une grande action pour une grève générale dans le secteur du pétrole. Cette fois, avec leurs camions-citernes, ils vont sur la Grand-Place d’Anvers. En même temps part une manifestation de trois cents personnes vers l’hôtel de ville. Un peu avant, le 24 août, les syndicats avaient déjà donné une solide signal : à Anvers, une réunion avait carrément rassemblé la moitié des 2 500 travailleurs du pétrole anversois, et c’est avec un grand enthousiasme que les ouvriers ont accueilli les propositions d’action dans tout le secteur. Comme les différentes négociations n’avaient quasiment rien donné, une action plus dure était donc nécessaire, telle était la conclusion.
Occupation
Honoré Kerschaever et ses délégués se rendent compte qu’une occupation est un grand pas à franchir pour beaucoup de travailleurs, même pour ceux qui croient beaucoup dans une telle action. D’autres, tout de même nombreux, pensent qu’il est impossible de gagner contre une multinationale et qu’il n’y a plus rien à faire contre la fermeture. Kerschaever et son noyau de syndicalistes estiment alors que cela ferait beaucoup pour tous ces camarades de travail si l’occupation était déjà un fait. La délégation syndicale lance donc un appel aux 56 travailleurs de RBP les plus déterminés.
Le vendredi 1er septembre, une semaine avant le jour où, selon le directeur Hammer, l’usine devait réellement fermer, les 56 travailleurs entament finalement l’action la plus aventureuse de leur vie : l’occupation de leur usine. À 7 heures du matin, ils entrent par une fenêtre laissée ouverte dans le bâtiment de la direction. Ensuite, ils y apportent des lits de camp, du matériel divers, de la nourriture et même des tentes. Au cas où la gendarmerie tenterait de les déloger, ils se retireraient avec leurs tentes sur le toit du bâtiment. Mais, dans aucun cas, ils ne se replieraient entièrement. Pour ces 56 travailleurs, c’est clairement une action au finish : « Nous ne partirons pas d’ici avant d’avoir obtenu ce que nous voulons : de l’emploi ! ».
Le lundi soir 4 septembre, le moment est mûr pour l’élargissement de l’occupation. Pour les 56 qui ont déjà passé le weekend à l’usine, c’est le suspense. Combien de leurs camarades de travail vont-ils franchir le pas comme eux ? Est-ce que la discipline pourra persister dans un plus grand groupe ? À ce moment, ils n’en ont encore aucune idée. Ce n’est que plus tard que l’on s’apercevra qu’Honoré Kerschaever a un talent particulier pour, avec un groupe aussi important – 160 hommes – faire prendre des décisions et engagements clairs et faire en sorte que ceux-ci soient appliqués d’une manière correcte. Une de ces décisions portait sur les « congés ». Les quatre premières semaines, aucun occupant ne pouvait rentrer chez lui. Ensuite, ce règlement a été assoupli. Durant les derniers mois de l’occupation, les occupants pourront passer jusqu’à 68 heures par mois chez eux. Mais, pendant l’occupation, avant tout, on travaille, en équipes même, tout comme « en temps de paix ». Les travailleurs ne veulent pas laisser leur usine se délabrer.
Grève nationale dans le pétrole
Au début de l’occupation de l’usine, les occupants avaient demandé aux syndicats d’organiser des actions de solidarité dans les autres entreprises pétrolières. En effet, c’était la Fédération pétrolière belge qui prétendait que, vu la crise pétrolière, elle ne pouvait plus exécuter l’arrêté royal sur la sécurité de l’emploi dans le secteur. Pour les travailleurs, c’était inacceptable.
Le mercredi 6 septembre, jour où le directeur Hammer veut fermer l’usine, les syndicats organisent déjà une grève de 24 heures. À partir du 8 septembre, les travailleurs du pétrole commencent à stopper la distribution. Seuls les besoins vitaux restent assurés. Tout le monde campe sur ses positions, et les occupants sont particulièrement déterminés. Ils se rendent avec des patrouilles aux différentes raffineries (SIPB, Esso, Gulf, Albatros, Texaco-Gent, Feluy…) et dépôts, partout dans le pays où des camions-citernes peuvent être chargés. Ils bloquent la frontière belgo-néerlandaise pour les camions-citernes, car les distributeurs indépendants tentent de s’approvisionner aux Pays-Bas. Certains font tout pour pouvoir quand même livrer : les patrouilles découvrent du gasoil dans des camions-citernes pour le transport du lait, ou des centaines de litres d’essence chargés dans des camions normaux. Chez Esso Anvers, où les navires pétroliers sont remplis à l’entreprise même, les occupants de RBP renforcent le piquet. Là, ils tombent sur des agents d’une firme de gardiennage avec leurs chiens. La scène est peu ordinaire : les chiens paniquent face à tous les grévistes qui accourent et détalent dans une direction autre que celle voulue par leurs maîtres. Main dans la main, grévistes et occupants parcourent le site en chantant.
Pendant trois semaines, les positions respectives ne bougent pas d’un poil. Le pays se retrouve pour ainsi dire sans essence, diesel et mazout. Mais au cours d’une troisième semaine particulièrement dure, les patrons et les médias de droite mettent le paquet pour briser la grève. En prenant au hasard quelques journaux de cette semaine, on peut lire des titres annonçant qu’il y aurait un tireur et ses acolytes parmi les grévistes, ou qu’il y aurait des incendies criminels dans des stations-service. Chez SIBP à Anvers, à Feluy et Charleroi, au nom du « droit au travail », des cadres sont chargés de recruter des ouvriers qui veulent travailler. Dans tout le pays, la gendarmerie et la police interviennent de manière particulièrement dure. Le gouvernement tente de jouer la concertation sociale contre les grévistes. Cela débouche sur un référendum à propos de la grève : 62% se prononcent pour la poursuite de la grève. C’est une grande majorité, mais tout de même 4% trop peu. Pour les occupants, c’est un coup dur, que le secrétaire syndical Marcel Schoeters tente d’amortir quelque peu : à une assemblée générale des occupants de RBP, il garantit à tous qu’ils peuvent toujours continuer à compter sur l’ABVV. Même si ensuite il doit aller chez SIBP pour convaincre les grévistes de reprendre le travail, puisqu’il ne peut pas invalider le résultat du référendum.
Les femmes en action
La solidarité des travailleurs des autres usines est très grande, mais les femmes entrent elles aussi en action. Toutefois, lorsque, le 9 novembre 1978, un des occupants lance un appel aux femmes pour qu’elles luttent côte à côte avec les maris, tout le monde n’est pas enthousiaste dans les syndicats et parmi les occupants. Il faut rappeler qu’à cette époque, cela ne fait que deux ans que les femmes mariées ont le droit d’ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari... Après beaucoup de doutes, commentaires et discussions, la décision est prise : il peut y avoir un Comité des femmes si celui-ci travaille en collaboration avec le Comité des occupants. À une première réunion, plus de septante femmes présentes. Treize d’entre elles forment le Comité des femmes. Elles descendent immédiatement dans la rue. Et pas n’importe quelle rue : la très animée Keyserlei à Anvers. Certes, elles ne sont pas très nombreuses, mais leur « RBP ouvert ! » résonne jusqu’à la Gare centrale. Viennent ensuite des assemblées générales et des actions, dont une envers le bourgmestre d’Anvers ; ensuite envers la BRT (la VRT de l’époque, NdlR) pour exiger la rectification des informations fautives diffusées à propos de prétendues hautes primes de fermeture que les occupants recevraient ; et ensuite envers le palais royal.
Lorsque, fin novembre 1978, le Comité des femmes organise un grand bal de solidarité, pas mal d’occupants n’approuvent pas vraiment. « Nous sommes ici à occuper l’usine et les femmes vont danser », entend-on amèrement commenter. Par après, cependant, l’amertume fait place à la compréhension et à de l’appréciation pour l’initiative de femmes. Honoré Kerschaever et le Comité des occupants réalisent très bien qu’ils doivent gagner la solidarité de toute la population ouvrière. D’autant qu’on est au pont culminant de la grève nationale du pétrole, une véritable campagne de diffamation est menée contre les grévistes entre autres par les médias. Les femmes font tout ce qu’elles peuvent pour faire contrepoids. Elles se rendent dans de grandes entreprises comme Bayer, Cockerill, Boël et même à Charleroi. Au mois de décembre, les femmes font aussi en sorte que les jours de la Saint-Nicolas, Noël et Nouvel-An puissent tout de même êtres fêtés tant bien que mal. À partir de février 1979, elles sont un peu moins actives. Cela fait déjà cinq mois qu’elles se démènent et, entre-temps, le Comité des occupants a décidé qu’elles ne peuvent plus mener d’action sans leur approbation…
Multinationales, ministres et Parlement
Dès le début de l’occupation, le 6 septembre, le noyau des occupants autour d’Honoré Kerschaever consacre beaucoup d’énergie au lobbying auprès des politiciens. Ils sont confiants dans le fait que ceux-ci ne peuvent rester insensibles à l’argument que la sécurité d’emploi des travailleurs du pétrole est garantie par un arrêté royal. C’est quand même eux qui l’ont voté ! Mais le secrétaire d’État à l’Économie régionale, Mark Eyskens (CVP), fait lanterner les occupants d’une manière cynique, en leur racontant à chaque fois qu’il va y avoir un candidat-repreneur. Il leur dit même que ce repreneur veut garder 150 à 200 ouvriers. Or ces candidats disparaissent aussi mystérieusement qu’ils sont apparus.
Fin octobre 1978, le ministre de l’Emploi Guy Spitaels (PS) annonce qu’il a obtenu de la Fédération pétrolière des primes allant de 175 000 à 226 000 francs belges (aujourd’hui, environ 44 000 à 56 000 euros). Les occupants donnent une réponse claire à Spitaels : « Nous voulons de l’emploi, pas de l’argent ! » Il y a désormais peu de foi en le monde politique, mais une majorité du Comité des occupants estime qu’on ne peut se passer de son soutien. Des propositions d’actions sont souvent rejetées pour ne pas porter ombrage aux politiciens « amis », à la grande frustration de nombreux occupants plus enclins à l’action. Ceux-ci reçoivent un coup de pouce inattendu lorsque quatre députés interpellent le ministre de l’Économie Willy Claes à la Chambre. Les députés ont invité une délégation de dix occupants au Parlement. Ceux-ci n’en croient pas leurs yeux : à part les quatre députés à l’origine de l’interpellation, il n’y en a... qu’un seul autre dans l’hémicycle. Au moment du vote sur une proposition pour augmenter le salaire des notaires de 10%, tout le monde arrive, la Chambre se remplit soudain et chacun vote pour cette proposition.
« Il vaut donc mieux compter sur la solidarité des travailleurs », soulignent les occupants qui privilégient l’action. Ils reçoivent du soutien depuis le terrain. À Anvers, le Comité de soutien interprofessionnel vient entre-temps d’être créé. Le 21 avril, celui-ci organise une manifestation de solidarité qui rassemble 3 000 personnes. Les occupants fraternisent également avec les ouvrières de Salik, qui occupent aussi leur entreprise, et avec ceux de Heymaiers, en grève contre le licenciement du militant PTB Walter Bauwens. Lorsque ces derniers viennent rendre visite aux occupants à RBP, ils leur offrent une table de billard en cadeau. De nombreuses actions plus petites ont également lieu, et les occupants sont toujours présents dans divers rassemblements où il y a du monde.
Accord historique
Début mars, après des mois au cours desquels les candidats-repreneurs apparaissent et disparaissent, Coastal Gas surgit sur la scène. En mai, il est officiellement annoncé que la multinationale américaine est désireuse de reprendre RBP. Les occupants doivent se prononcer sur le projet d’accord. Ce sont alors de longues semaines de négociation, car l’accord part du principe que Coastal Gas ne veut reprendre que cent travailleurs. Doivent-ils accepter ? Et comment accepter que des camarades de travail avec lesquels on a occupé l’usine pendant ces dix mois restent au bout du compte sur le carreau ?
D’un autre côté, tout le monde comprend bien que ce n’est pas rien que Coastal Gas accepte de conclure un accord avec les occupants. La multinationale américaine reprend 115 travailleurs, de préférence parmi les occupants. C’était une des exigences des travailleurs. Endéans l’année, huit peuvent être licenciés, pas plus. Par ailleurs, tout le monde doit passer un test psychologique. On craint que ce test soit utilisé comme une sélection politique et syndicale et que les hommes « les plus combattifs » soient refusés. Outre ce test psychologique, il y a également un test technique. Même un soudeur qui exerce son métier chez RBP depuis vingt ou trente ans doit prouver sa compétence. C’est humiliant et, pour certains, dramatique : le résultat de leur test est mauvais parce qu’ils sont sous tension et très nerveux. Enfin, l’accord exige trois ans de paix sociale.
Avec l’ancien propriétaire Oxy, un accord est conclu sur la prépension à partir de 55 ans et une importante prime de départ pour les occupants qui ne sont pas repris. 115 des 158 occupants passent les tests, 24 partent à la prépension, 19 optent pour la forte indemnité de départ. Comme on le redoutait, onze occupants ne réussissent pas le test et perdent leur emploi. Parmi les onze militants ABVV qui perdent leur travail, il y a aussi Rik Polfliet, un de moteurs de l’occupation et membre du PTB (lire l’encadré). Le licenciement des onze occupants jette un froid sur la joie générale. Pourtant, tous réalisent bien qu’ils ont remporté une énorme victoire non pas sur une, mais sur deux multinationales. Une victoire que l’on peut réellement qualifier d’historique.
Rik Polfliet (1928-2001)
Rik était âgé de 51 ans lorsqu’il a appris qu’il faisait partie des onze occupants qui n’étaient pas réengagés. Non pas qu’il n’ait pas réussi les tests mais parce que, trois ans auparavant, il avait eu un infarctus et avait dû abandonner son poste pour travailler à la cantine. Or Coastal Gas allait sous-traiter la cantine, et il n’y avait donc plus d’emploi pour lui. Vivre pendant onze mois avec 160 camarades de travail, manger, se détendre et, surtout, lutter ensemble, pour ensuite ne plus pouvoir reprendre le boulot avec eux : un coup dur, mais qu’il a très bien encaissé et surmonté. Lorsque Rik est décédé, il était en train d’écrire un livre sur l’occupation. Dans ses notes, il confie sa grande déception une semaine après la fin de l’occupation : « Maintenant, c’est ainsi que je vois les choses : une guerre fait toujours des victimes, également du côté des vainqueurs. Notre lutte est et reste une victoire pour toute la classe ouvrière, et c’est le plus important, même si onze d’entre nous ont dû partir. » Il évoque les sentiments mélangés de ses camarades lors de l’annonce du résultat : « C’est impossible à décrire, chacun de nous pleurait ou exprimait d’une manière ou d’une autre son soulagement que la lutte était terminée et gagnée, mais aussi sa déception, sa tristesse, son sentiment de culpabilité et d’empathie envers nous, les onze : la camaraderie est restée bien présente jusqu’au tout dernier moment. »
Article publié dans le mensuel Solidaire de novembre 2016. Abonnement.
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