




Peter Mertens et Raoul Hedebouw étaient interviewés la semaine passée dans l’hebdomadaire néerlandophone Knack. À propos du travail d’opposition remarqué des élus du PTB, de l’avenir d’Anvers, des leçons du bras de fer entre la Grèce et l’Europe, et du salaire des parlementaires. Retrouvez ici la traduction complète.
Repris de Knack, Walter Pauli (Knack), 5 août 2015.
Pour la première fois en trente ans, les communistes siègent à nouveau au Parlement, ce qui semble avoir boosté l’assurance du Parti du Travail de Belgique/Partij van de Arbeid. Peter Mertens, le président du PTB, et Raoul Hedebouw, député fédéral, sont même convaincus qu’avec les écolos et les socialistes, ils peuvent éjecter Bart De Wever de l’hôtel de ville d’Anvers en 2018. « Cela aurait des conséquences sur la carte politique du pays entier. L’enjeu est donc important. »
À l’accueil du siège du PTB, il n’y a qu’un seul journal : le journal financier De Tijd. Nous sommes cependant bel et bien au boulevard Lemonnier, à Bruxelles, dans le quartier historique où s’est enraciné le communisme dans ce pays : l’ancien bâtiment du Parti communiste de Belgique (PCB) est à moins de cent mètres à vol d’oiseau, à l’avenue de Stalingrad. Mais tout change, le Parti du Travail de Belgique également. Jusqu’aux années 1990, celui-ci se qualifiait encore officiellement de « marxiste-léniniste » et flirtait ouvertement avec Staline.
Ce n’est qu’après que la jeune génération ait signifié que cela ne pouvait pas continuer comme ça que, en 2008, le renouveau a été enclenché au 8e Congrès du parti. Avec un certain succès, puisqu’aujourd’hui le Parti du Travail/Partij van de Arbeid – il tient à son bilinguisme – a deux députés fédéraux, six députés régionaux aux Parlements bruxellois et wallon, et toute une série de conseillers provinciaux, communaux et de district. Il y a même une élue PTB qui exerce un mandat exécutif : à Borgerhout, Zohra Othman est échevine dans la majorité constituée par le sp.a, Groen et le PTB.
Tant par ses partisans que par ses adversaires, Peter Mertens est reconnu comme l’architecte de ce succès. Le 13 juin, il a été réélu président du PTB avec 93,9 % des voix. « Un score stalinien », ont noté les journaux, en référence au passé doctrinaire du parti. C’est de justesse que, l’an dernier, Mertens n’a pas été élu à la Chambre, au contraire de ses camarades francophones Marco Van Hees et Raoul Hedebouw. Hedebouw s’est surtout révélé un communicateur né. « Cool Raoul » est rapidement devenu le chouchou des studios télé, et également Flandre : avec un père de Flandre orientale et une mère limbourgeoise, Hedebouw est aussi bilingue que son parti.
Mertens (1969) et Hedebouw (1977) se connaissent depuis leurs années d’études. En 1994, la Wallonie a connu des grèves qui ont duré des mois contre les réformes de l’enseignement. À l’athénée de Herstal, l’élève Raoul avait fondé le « Che » : le « Comité herstalien étudiant ». Mertens étant alors président du Mouvement marxiste-léniniste (MML, actuellement Comac), le mouvement de jeunes du PTB, et il voulait aider des camarades wallons. L’amitié d’alors est restée, la répartition des tâches aussi. Mertens : « Raoul était alors le porte-voix du mouvement de jeunes, moi, je travaillais plus à l’arrière-plan. Cela fonctionne toujours aujourd’hui, bien qu’à un autre niveau. »
En 1994, Peter Mertens a terminé ses études de sociologie, un diplôme à l’époque très « in » parmi les étudiants de gauche. Raoul Hedebouw, lui, a étudié la biologie, plus spécifiquement la botanique.
Raoul Hedebouw : J’ai consacré ma thèse à la disparition de certaines espèces végétales des forêts ardennaises. Déjà alors j’avais pris conscience que tout change et évolue. Donc aussi la politique, les partis et leur idéologie. Ce qui me parlait fortement, c’était la méthode scientifique pour tester une affirmation de manière expérimentale avant de postuler que celle-ci est vraie. Je retrouve bien trop peu cette approche en politique. Les trois quarts de mes collègues au Parlement ont étudié le droit, et cela mène évidemment à la politique du bla-bla-bla que nous connaissons : discourir des heures et des heures sans en arriver au fond de la question. Du typique langage d’avocats. Lors d’un débat, quand je me suis référé à des économistes comme Paul Krugman et Joseph Stiglitz (tous deux prix Nobel d’économie, NdlR), Richard Miller (MR) a lancé: « Ils ne sont pas élus ici, leurs mots n’ont donc pas de signification dans ce Parlement. »
Raoul Hedebouw : Au Parlement fait rage une véritable lutte de communication, certainement le jeudi après-midi, lorsque la télé est présente. Je n’interpelle pas pour convaincre Charles Michel, mais, via le Parlement, je m’adresse aux travailleurs du pays. Je veux faire en sorte que les gens ordinaires s’intéressent de nouveau à la politique. Les collègues remarquent aussi que nous avons notre manière propre de communiquer. Même le Premier ministre Michel dit que le PTB donne le ton de l’opposition.
Raoul Hedebouw : C’est un fait que les écolos et les socialistes se montrent plus à gauche depuis que le PTB est présent à la Chambre. Mais, s’il y a une bonne intervention des écolos ou des socialistes, Marco (Van Hees, NdlR) et moi applaudissons toujours. L’inverse se passe bien moins souvent.
Peter Mertens : Notre influence y est réellement pour quelque chose, et c’est au Parlement flamand qu’on le voit le mieux. Là, tout se passe encore de manière bien plus consensuelle que dans des assemblées où il y a des élus PTB.
Peter Mertens : J’ai eu le même sentiment désagréable que le coureur qui arrive deuxième au Tour de France. La liste PTB pour la Chambre a obtenu 9% dans le canton d’Anvers, soit plus que l’Open VLD, le CD&V et le Vlaams Belang. Avec mes 26.600 voix de préférence, je figure dans le top 20 de tout le pays. Au Parlement, il y a 130 députés qui ont eu moins de voix que moi. Cela fait bien sûr mal, je suis aussi un être humain. Mais, en outre, cela donne la fausse image que le PTB n’a progressé qu’en Wallonie et à Bruxelles, et pas en Flandre. Alors que c’est nous qui avons le plus fortement progressé dans la province d’Anvers, après la N-VA. D’un autre côté, je n’ai pu rester président du PTB que parce que je n’avais pas été élu. Le cirque dans lequel Raoul doit jouer, aller parler partout dans le pays presque chaque jour, est impossible à combiner avec la tâche de président. Depuis les élections, notre nombre de membres a explosé.
Peter Mertens : De telles formes d’infantilisme de gauche nous ont caractérisés. Nous avons longtemps obstinément ignoré les élections parce que les rapports de force fondamentaux dans ce pays ne se résolvent pas dans les bureaux de vote. C’est certes bien sûr toujours le cas : le pouvoir du monde financier ne change pas de manière fondamentale le lendemain des élections. Mais, même si on ne résout pas les injustices fondamentales dans l’isoloir, les élections ont une place importance dans notre société. L’histoire a donné tort à notre parti. Ce n’est qu’à partir du moment où le PTB a commencé à considérer les élections comme une partie de sa stratégie que nous avons avancé. Aujourd’hui, nous sommes politiquement infiniment plus forts qu’il y a dix ans. Et nous faisons cela sans nous trahir nous-mêmes : ce n’est pas parce que nous sommes au Parlement que nous avons cessé de penser de manière radicale.
Peter Mertens : Ce n’est quand même pas parce qu’Angela Merkel met un casque prussien et veut contrôler toute l’Europe que le PTB doit changer de point de vue ? Ce que j’apprends avant tout de la Grèce, c’est qu’il reste important de ne pas tomber dans le piège de la social-démocratie : eux aussi pensaient qu’ils pouvaient changer le jeu en commençant d’abord par y participer. Syriza, un parti d’humanistes de gauche et d’idéalistes, a essayé de se positionner de manière rationnelle. Ils pensaient que, s’ils utilisaient les bons arguments, ils pourraient convaincre des piliers sociaux-démocrates comme le président français François Hollande ou le Premier ministre italien Matteo Renzi.
Peter Mertens : Par après, Yannis Varouflakis a expliqué qu’en tant que ministre des Finances, il avait essayé de construire une argumentation cohérente, mais qu’il n’y avait pas un seul argument pour lequel il ait jamais reçu la moindre réponse quant à son contenu. « J’aurais tout aussi bien pu chanter notre hymne national, a-t-il déclaré. Cela aurait eu exactement le même effet que mon explication solidement étayée : aucun. » Au bout du compte, Syriza a réalisé que ces négociations n’étaient pas de simples discussions, mais qu’elles faisaient partie d’une guerre économique. On a même asséché les banques grecques : c’est une dure leçon, et pour tous les pays de la zone euro. En même temps, depuis le début de l’euro, il n’y a jamais eu un seul gouvernement qui ait si ouvertement relevé le gant contre le monétarisme allemand. J’ai donc tout respect pour le fait qu’un poids plume comme Syriza ait osé boxer au-dessus de sa catégorie. Sans Syriza, il n’y aurait jamais eu de débat aussi approfondi sur l’Europe que maintenant. Dans chaque pub irlandais, dans chaque bar à tapas espagnol, on a parlé de la résistance grecque contre l’ordre de marche allemand.
Peter Mertens : Nous nous réjouissons que l’élection de Crombez ait amené de l’air frais au sp.a. Bruno Tobback (le président précédent, NdlR), lui, ne voulait même pas nous parler. Ce qu’il faisait et pensait, et aussi ce qu’il pensait du PTB, je le lisais seulement dans la presse. Mais ne nous en veuillez pas si nous gardons nos réserves quant à ce « nouveau » sp.a. Crombez croit-il vraiment dans ce renouveau ? En 2013, au Parlement, le sp.a et le PS ont approuvé un gigantesque transfert de compétences socio-économiques vers l’Union européenne. Tout comme tous les autres partis sociaux-démocrates, ils ont rendu possible le transfert de pouvoir au monétarisme allemand. Crombez va-t-il rompre avec ce cours ? Oser obliger Kathleen Van Brempt (députée européenne sp.a, NdlR) à sortir de la grande coalition des sociaux-démocrates et des démocrates-chrétiens ? C’est cela, le test décisif.
Raoul Hedebouw : J’ai déjà souvent discuté avec Crombez. Ce sont de bonnes discussions, mais elles montrent qu’il y a de grandes différences entre nous. Crombez continue à penser que la déduction des intérêts notionnels est une bonne idée. Moi pas. Je peux vous assurer que Solidaire, le journal du PTB, a été très lu à Liège le jour où nous y avons révélé qu’Arcelor Mittal avait payé à peine 496 euros d’impôts sur un bénéfice de 1,4 milliard, grâce à la déduction des intérêts notionnels. Pour beaucoup de gens, c’était impossible à avaler. Mais le PS a dit : « On ne peut rien faire contre cela. » De plus en plus de gens en ont profondément marre de ce « réalisme » de la social-démocratie.
Peter Mertens : C’est un débat important. À Anvers, en 2012 en 2014, le PTB a obtenu 8 à 9 % des voix. Si les progressistes veulent reconquérir Anvers, nous pouvons mettre notre poids dans la balance pour qu’elle penche de nouveau à gauche. Bart De Wever aime bien faire croire qu’Anvers est une ville de droite, mais ce n’est pas du tout la réalité. Anvers est une ville divisée. Il y a peu de villes où la gauche a autant d’avenir qu’à Anvers. Nous l’avons vu l’an dernier lors des débats électoraux dans les écoles. À Anvers, je n’ai pas perdu un seul débat, avec généralement Groen en deuxième place. La N-VA ne s’en sortait à peu près nulle part.
Peter Mertens : Nous n’appuierons pas n’importe quelle initiative. Mais si une bonne proposition se présente, nous réfléchirons certainement à la question. Nous voulons aider à détrôner Bart De Wever à Anvers, oui. Ce serait sa première défaite importante, et cela peut avoir des conséquences sur la carte politique nationale. L’enjeu est donc important. Mais Borgerhout et Anvers ne sont ni la Belgique ni l’Europe. Là, la social-démocratie a opté pour une politique monétaire dure. À ces niveaux, nous ne travaillons pas avec le sp.a ni avec Groen.
Peter Mertens : C’est une formulation trop négative. Avec John Crombez, on se parle : si c’est nécessaire, je peux l’appeler. Et au conseil communal à Anvers, je suis assis à côté de Meryem Almaci (la présidente de Groen, NdlR). Le contact est excellent, même si elle n’arrête jamais de parler (rires). Nos relations personnelles sont donc meilleures que jamais. Cela ne m’intéresse d’ailleurs pas de convaincre les électeurs de Groen à Zurenborg de voter pour le PTB. Dans un quartier populaire comme le Luchtbal, en revanche, convaincre les nouveaux électeurs de la N-VA de voter pour le PTB, ça, je trouverais que c’est une victoire politique significative. Et c’est à cela que nous travaillons, en réexpliquant tous les jours à quel point la N-VA s’en prend au portemonnaie des gens : avec l’augmentation de la TVA sur l’électricité, le saut d’index, le relèvement de l’âge de la pension, etc.
Raoul Hedebouw : (Soupire) J’ai déjà les mains plus que pleines avec tout ce que je dois faire. Et, pour le reste, je me laisse inspirer par tout penseur intéressant, de Marx à Piketty. Il ne doit pas non plus toujours s’agir d’économie. J’ai aussi retiré beaucoup d’inspiration de la biographie de Nelson Mandela.
Peter Mertens : Vous ne trouverez plus une analyse aussi absurde dans une publication du PTB d’aujourd’hui. Nous avons définitivement rompu avec ce sectarisme. Notre époque offre plus d’opportunités que jamais aux progressistes qui veulent colorier en dehors des lignes. Même dans les cercles académiques s’est développée une critique rafraîchissante du libéralisme allemand. Je dévore les livres de Rutger Bregman (historien néerlandais, NdlR). Non pas que je sois d’accord avec tout ce qu’il affirme dans De geschiedenis van de vooruitgang (l’histoire du progrès) ou Gratis geld voor iedereen (de l’argent gratuit pour tout le monde), mais c’est magnifiquement écrit.
Peter Mertens : Je n’ai jamais aimé ce terme. Il donne l’impression que le marxisme est une affaire de formules. Et puis, celui qui ne se base que sur des livres datant d’il y a presque deux cents ans ne comprend pas ce qui se passe actuellement et n’a rapidement plus de message pour les gens d’aujourd’hui. Mais j’ajoute immédiatement à cela que celui qui surfe uniquement sur les vagues de l’actualité quotidienne manque d’une analyse fondamentale. Je continue donc à recommander la lecture de Marx et Engels. Mais aussi celle d’Owen Jones, le jeune sociologue britannique qui tire à boulets rouges sur le gouvernement Cameron et qui veut faire pencher le Labour vers la gauche. S’il va y arriver, ça, c’est une autre question.
Peter Mertens : J’ai aussi vu cette vidéo. À Athènes, j’ai fait la connaissance d’Écossais du SNP qui sont extrêmement à gauche. Ils ont fait du petit bois du discours néolibéral des institutions européennes.
Peter Mertens : (Hésite) Je ne suis pas un nationaliste, mais, au bout du compte, mon cœur aurait voté contre la politique de Londres et pour les intérêts des gens qui travaillent dans les usines de Glasgow. Je ne pense pas que l’indépendance soit la bonne réponse aux problèmes des Écossais, mais j’ai toute compréhension pour le fait qu’ils veulent se libérer du joug de Londres.
Peter Mertens : La N-VA est hypocrite. À quel « nationalisme » ce parti peut-il en fait encore prétendre, après que son ministre de Finances Johan Van Overtveldt et ses collègues de l’Eurogroupe ont décidé du sort de la Grèce ? Ils ont jeté par-dessus bord toute forme de respect pour la souveraineté d’un petit peuple courageux. La N-VA fait comme si elle luttait pour un séparatisme libérateur, mais elle ne jure que par un libéralisme obsédé de pouvoir. La N-VA est devenue un parti qui in fine choisira toujours le camp du capital, contre les peuples qui veulent se libérer.
Raoul Hedebouw : Je ne me fais pas d’illusions, la colère contre l’Europe s’exprimera aussi par le nationalisme. C’est l’histoire marxiste classique de la thèse-antithèse : dans tous les États membres de l’UE, les diktats allemands mènent à des réflexes anti-européens. Nous assisterons à la montée de nationalistes progressistes, de nationalistes conservateurs et évidemment aussi d’extrême droite. C’est une phase que nous devons traverser. Le peuple s’élève contre l’establishment.
Raoul Hedebouw : Bah ! Nous, on ne mange pas dans le restaurant chic du troisième étage, on va à la cantine du premier exploitée par Sodexho – même le Parlement est déjà un peu privatisé. Notre premier but après notre prestation de serment au Parlement a été de chercher un café populaire. Dans le quartier du Parlement, ce n’est pas facile, mais finalement, on en a quand même trouvé un, place de la Liberté.
Savez-vous que l’hémicycle est construit de manière telle qu’aucun bruit ne l’extérieur ne peut s’y entendre ? Cela donne un Parlement qui fortement centré sur lui-même. Les parlementaires pensent qu’ils font de la « politique » en changeant l’une ou l’autre virgule à la loi. Quand je monte à la tribune, je le fais parce que je veux être la voix des centaines de milliers de personnes qui ont fait grève et manifesté contre le gouvernement Michel.
Raoul Hedebouw : Je l’ai certes voulu, mais c’est techniquement impossible. Tout d’abord, les services du Parlement ont déjà eu beaucoup de difficultés avec notre demande de ne pas verser notre salaire sur notre compte privé, mais sur celui du PTB. Au départ, ce n’était pas possible, parce qu’ils n’avaient encore jamais connu le cas d’un parlementaire qui ne veut pas de salaire pour lui-même et qui se contente d’un salaire de travailleur.
Peter Mertens : Nous recevons tous les jours des dizaines de mails et nous sommes continuellement accostés en rue. Et, quand je peux dire que nous gagnons 1600 euros par mois, cela change toute la discussion. L’idée que « tous les politiciens se remplissent les poches » ne s’applique d’un coup plus à nous.
Peter Mertens : Les membres paient simplement 20 euros de cotisation par an. Pour les cadres, nous demandons qu’ils contribuent selon leurs possibilités financières. Un professeur d’université paie donc plus de cotisations en tant que militant qu’un facteur.
Et nos mandataires reversent leurs jetons de présence au parti. Nous pouvons ainsi rester financièrement indépendants. Nous essayons de convaincre nos membres du fait que celui qui ne vit pas comme il pense commence très vite à penser comme il vit. Nous n’abandonnons pas ce principe. J’ai récemment rempli ma déclaration d’impôts : là, on voit bien quelles sont les conséquences d’une augmentation de la TVA sur l’électricité, sur les boissons, sur le diesel, etc., etc. Quand la ministre Turtelboom (Open VLD) affirme que les gens en Flandre ne vont pas vraiment sentir passer l’augmentation de 8,6 % de l’électricité, je sais qu’elle vit en dehors de la réalité. Et c’est dû au fait qu’en tant que ministre flamande, elle gagne beaucoup trop.
Raoul Hedebouw : Evidemment. Les politiciens gagnent trop, c’est un fait objectif. D’où le fait que les parlementaires et les ministres ne représentent automatiquement quasiment que les besoins et préoccupations du groupe de gens qui gagnent entre 5000 et 10.000 euros par mois. Nous ne trouvons pas que chacun doit vivre de manière aussi stricte que les mandataires PTB, mais nous introduirons cependant une proposition de loi pour diminuer les salaires et pensions des parlementaires. Nous, parlementaires, décidons du sort de millions de travailleurs de ce pays ; donc, il n’est pas bon que nous vivions dans une tour d’ivoire. Que presque tous les parlementaires soient contre la prépension a bien sûr à voir avec le fait qu’aucun d’entre eux ne souffre du dos à cause d’un lourd travail physique.
Peter Mertens : Les grandes entreprises ne font pourtant rien d’autre : elles attirent avec beaucoup d’argent des politiciens importants après leur carrière ; ils deviennent ainsi dirigeants ou conseillers. Guy Verhofstadt fait encore plus fort : au Parlement européen, il est le grand défenseur des privatisations en Grèce, alors qu’il est – ça alors – administrateur de Sofina, le holding de la famille Boël ! Sofina est actionnaire de Suez, et via Suez-Environnement, Sofina gagne un pactole avec la privatisation de la compagnie publique grecque des eaux. Ça dépasse de loin toute honte.
Raoul Hedebouw : Nous sommes à peine depuis un an au Parlement et nous constatons déjà maintenant que cette présence nous permet d’atteindre bien plus de gens qu’auparavant. Mon speech sur la Grèce a été partagé plus de 250.000 fois sur YouTube. Les gens peuvent ainsi écouter comment un élu PTB fait la différence. À la Chambre, nous montrons qu’une voix pour le PTB n’est pas une voix inutile.
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