




Elle est médecin urgentiste, elle grimpe sur des glaciers et termine l’écriture d’un livre. Et elle veut aussi emmener 10 000 Belges manifester dans les rues de Paris fin novembre afin d’exiger un accord socialement juste sur le climat. Natalie Eggermont, la présidente de Climate Express, aime l’action et l’aventure. Dans son agenda plus que rempli, elle a quand même trouvé une place pour rencontrer Solidaire.
Il n’y a vraiment pas de quoi se réjouir lorsqu’on voit la direction dans laquelle notre planète se dirige à toute allure. L’objectif des deux degrés Celsius de réchauffement climatique que nous ne pouvons absolument – absolument ! – pas dépasser n’est actuellement quasiment plus atteignable. Au sein du groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat des Nations unies (GIEC), on évoque désormais trois degrés comme étant l’objectif le plus faisable. Et, en cas de politique climatique inchangée, un réchauffement de sept degrés n’est même pas exclu. C’est un scénario d’horreur, dans lequel la vie deviendra impossible sur Terre.
Cela fait des années que Natalie Eggermont se démène pour faire prendre conscience à tout le monde – citoyens et politiciens – du danger du réchauffement climatique. En 2013, elle était une des machinistes du « train du climat » affrété depuis Bruxelles jusqu’au sommet international à Varsovie. Aujourd’hui, en tant que présidente de l’organisation Climate Express, elle veut arriver à mobiliser 10.000 Belges pour se rendre fin novembre à Paris afin de faire entendre aux négociateurs sur le climat qu’ils leur faut conclure d’urgence un accord contraignant et socialement juste.
Natalie Eggermont. Mon premier engagement était au sein de 11.11.11. Déjà à l’école secondaire, je travaillais sur les Objectifs du millénaire pour le développement (des objectifs de Nations unies pour éliminer la pauvreté, qui n’ont en grande partie pas été atteints, NdlR). J’ai ensuite étudié la médecine et je me suis occupée de soins de santé au plan international. Dans mon entourage, on s’attendait à ce que j’aille ensuite travailler pour Médecins sans frontières ou pour l’Organisation mondiale de la santé.
Mais, lorsque j’étais en troisième année de médecine, la prestigieuse revue de médecine The Lancet a publié un rapport expliquant que le changement climatique constituait la plus grande menace pour la santé publique au niveau mondial. Dans le monde, la plupart des décès sont en effet dus à la malnutrition, aux infections et au manque d’eau potable, toutes choses que le réchauffement climatique va encore aggraver. Le Lancet concluait que tout médecin qui est préoccupé par la santé à un large niveau doit devenir activiste du climat. J’ai trouvé cela très convaincant.
A l’université de Gand, j’ai donc commencé petit, en mettant sur pied Gent1010, une association étudiante qui œuvre au fonctionnement durable de l’université.
Natalie Eggermont. Après mes études, je cherchais à aller plus loin dans mon engagement. C’est ainsi que, via un ami, je suis arrivée chez Climat et Justice sociale, l’organisation qui a affrété en 2009 un train pour le sommet climatique de Copenhague.
Durant l’une des premières réunions à laquelle j’étais présente, la question du sommet climatique de Varsovie a été abordée. Fallait-il oui ou non à nouveau affréter un train ? Il faut savoir qu’après l’échec de Copenhague, le mouvement pour le climat a connu un certain coup de blues. On se demandait s’il ne serait pas trop difficile de pouvoir encore mobiliser les gens. Après de longues discussions, nous avons quand même décidé d’organiser ce train. Et cela a été un grand succès.
Tous les efforts individuels sont importants et précieux. Mais il faut réaliser que ce n’est pas suffisant
Natalie Eggermont. Le voyage en train vers Varsovie a fait en sorte qu’énormément de gens ont réalisé qu’ils n’étaient pas seuls dans leur lutte pour un monde meilleur. Dans ce train, il y avait des jeunes et des plus âgés, des gens d’organisations Nord-Sud, des syndicats, des militants du mouvement pour l’environnement, de Greenpeace… Et, le week-end, lorsque nous sommes rentrés en Belgique, nous étions débordants d’enthousiasme pour continuer.
Je l’ai remarqué dans le train : tout le monde avait très peu dormi, tout le monde était crevé mais, partout, on me tapait sur l’épaule pour me demander : « Hé, Natalie, en 2015 on va en vélo à Paris ? »
Natalie Eggermont. Je ne m’attends certes pas à ce qu’un accord magique sorte de la boîte au sommet de Paris, mais ce n’est pas une raison pour ne pas mobiliser. L’issue des négociations est toujours un reflet des rapports de force présents à ce moment-là. Il est donc important de descendre en rue pour soutenir les voix les plus progressistes présentes dans les négociations. Cela fait une grande différence.
Natalie Eggermont. Les négociations sont une lutte entre les différents pays. A Copenhague, les grandes puissances – les Etats-Unis, le Brésil, la Chine, l’Afrique du Sud… – ont élaboré ensemble un accord qu’elles ont présenté aux autres pays. Ces petits pays ont dit : c’est insuffisant, nous ne signons pas cela. Si, en rue, la mobilisation est grande, vous imaginez bien que cela joue en faveur de certaines forces. Les yeux du monde entier sont actuellement tournés vers le sommet de Paris. Les chefs d’Etats ne peuvent pas se permettre un nouvel échec après celui de Copenhague.
Des personnalités comme Vandana Shiva (une icône du mouvement altermondialiste, NdlR) et Desmond Tutu (archevêque sud-africain lauréat du prix Nobel de la Paix, NdlR) appellent à la plus grande mobilisation jamais vue. Dans leur appel, ils soulignent que l’apartheid et l’esclavage n’ont pas été abolis parce que, à un certain moment, des Etats ont décidé que cela ne pouvait plus continuer comme ça. Non, cela a disparu parce que des millions de gens sont descendus dans la rue. Et il peut en aller de même pour le climat.
Natalie Eggermont. Actuellement, toutes les alarmes sonnent en même temps. Les catastrophes naturelles se multiplient : ouragans, inondations, hivers plus rudes, sécheresses de longue durée, récoltes fichues… Les conditions météorologiques deviennent toujours plus extrêmes. Toutes les années les plus chaudes des cent dernières années étaient dans les dix dernières. 2014 a à nouveau été l’année la plus chaude depuis le début de l’enregistrement des températures. Et 2015 est en bonne voie pour reprendre ce titre. Août dernier a été le mois le plus chaud jamais enregistré sur notre planète.
D’ici 2050, nous devons être neutres en carbone. C’est un défi énorme. Pour les scientifiques, une action collective est impérative, à une échelle sans précédent, tant du point de vue de la coordination que du planning. Il s’agit d’investissements à grande échelle, un véritable tournant de notre société. Si on se contente de quelques adaptations et rafistolages çà et là, ça ne marchera tout simplement pas.
L’apartheid et l’esclavage n’ont été abolis que parce que des millions de gens sont descendus dans la rue. Et il peut en aller de même pour le climat.
Natalie Eggermont. Que deux degrés ne constituent pas une catastrophe, c’est le raisonnement de Willy Naessens, le propriétaire d’une entreprise qui installe des piscines et qui estime que le réchauffement de la terre est une bonne chose pour « ses affaires ». Cependant, c’est bel et bien un drame. Ces deux degrés portent en effet sur une température moyenne globale. Deux degrés au plan mondial, cela signifie quatre degrés en Afrique.
On dit d’ailleurs souvent que le Nord et le Sud vont ressentir différemment le réchauffement du climat, mais en fait, c’est une fausse ligne de partage. En réalité, c’est une division entre riches et pauvres. Vous savez, durant la canicule de l’été dernier en France, beaucoup de personnes âgées sont décédées. Ce n’étaient pas les personnes âgées qui peuvent se payer une maison de repos confortable avec de l’air climatisé, n’est-ce pas ? C’étaient des vieilles personnes souffrant de problèmes cardiaques qui n’avaient pas les moyens de s’offrir ce confort. Un degré et demi à deux degrés, c’est, dans tous les pays, une catastrophe pour les gens qui sont au bas de l’échelle sociale.
Natalie Eggermont. Tous ces efforts individuels sont importants et précieux. Enormément de gens font attention à cela, et c’est une bonne chose. Mais il faut réaliser que ce n’est pas suffisant.
Une économie, c’est davantage que l’addition de choix de consommation individuels. Il existe des règles et un contexte de société qui rendent les choix plus faciles ou plus difficiles. L’Etat dispose d’instruments – comme la régulation, les impôts, l’investissement dans le domaine public… – pour orienter les choix.
Ce qu’on peut faire soi-même est en effet très limité. On peut se déplacer à vélo et ne pas laisser de lampe allumée inutilement, mais si les grands consommateurs ne changent pas, cela ne sert pas à grand-chose.
Natalie Eggermont. Le Climate Express a un public très large. Un militant d’un mouvement pour l’environnement connaît parfaitement l’ampleur du problème du climat, mais ne va pas forcément comprendre pourquoi c’est une importante lutte de société. Et, à d’autres personnes, il faut parfois réexpliquer ce qu’est l’effet de serre. Donc, oui, nous devons encore et toujours sensibiliser, mais aussi expliquer pourquoi c’est une lutte très large. Nous devons nous axer sur toutes sortes de publics différents. Moi-même, je ne sais pas toujours comment le faire au mieux.
Natalie Eggermont. En 2006, l’homme politique américain Al Gore parlait d’ Une vérité qui dérange, c’est-à-dire que le climat est en train de changer à cause de l’action de l’homme. Eh bien, la « vérité qui dérange », ce n’est pas que le climat est en train de changer, mais c’est que nous n’allons pas résoudre le problème avec la politique actuelle de privatisations, de dérégulation et davantage de libre marché. C’est pourquoi il s’agit d’une lutte bien plus large. C’est un problème d’une telle dimension que nous ne pouvons le résoudre qu’avec des solutions de grande envergure, et toutes les choses qui sont nécessaires pour traiter la problématique du climat sont des choses que le mouvement social revendique également depuis des années : investir dans les transports publics, un secteur public fort, la redistribution de la richesse, la création d’emplois...
On appelle parfois les urgentistes les cow-boys de la médecine, mais en fait, cela me plait énormément
Natalie Eggermont. C’est exact. Nous devons réfléchir ensemble au type de société que nous voulons. C’est aussi la leçon que nous avons apprise à Varsovie. C’était une revendication de Greenpeace : fermer les mines de charbon parce que le charbon est trop polluant. Mais les mineurs, eux, défendaient depuis des années le secteur minier contre le programme néolibéral de restructuration. Lorsque le mouvement écologiste a débarqué avec le message qu’il fallait fermer ces mines, pour les mineurs, c’était une forte attaque contre leur emploi.
Les syndicats veulent certes aussi que l’on traite la problématique du climat, mais ils veulent également que cela se passe d’une manière juste au plan social.
Et une transition vraiment juste vers une économie pauvre en carbone ne prend pas uniquement en considération le problème de l’environnement, mais aussi la question de ce que nous allons faire de tous ces travailleurs qui vont se retrouver sans emploi. Comment allons-nous créer de nouveaux emplois ? Comment allons-nous faire pour mettre sur pied des programmes de reconversion et de réorientation ? Comment allons-nous faire pour que les gens qui ne peuvent pas se réorienter ne soient pas exclus, qu’il y ait un bon filet social… C’est une des raisons pour lesquelles je pense que le mouvement écologiste devrait jouer un rôle bien plus grand dans la lutte sociale.
Dans l’actuel et glacial système néolibéral, où toutes les structures sociales sont démantelées, je me battrais moi aussi pour mon emploi, qu’il soit propre ou polluant. Nous devons comprendre cela.
Natalie Eggermont. En fait, non, pas tellement. Pour moi, la médecine est une profession sociale. Pour être en bonne santé, il faut plusieurs choses : un toit au-dessus de sa tête, une bonne alimentation, de l’eau propre, un filet social… Je voulais donc mieux comprendre comment est constituée la société.
En tant que médecin, on est souvent confronté à des décisions difficiles au plan éthique, qui portent parfois sur la vie et la mort. Les études de médecine forment très peu à cela. On apprend à garder quelqu’un en vie, mais quel est le contexte sociétal de la situation ? Et comment faire avec la famille et le deuil ? C’est quand même une question de morale, non ? En tant que médecin, je trouve important de pouvoir penser mon travail dans un cadre bien plus large.
Natalie Eggermont. Pour être honnête, j’adore ça. Dans la médecine d’urgence, il faut prendre des décisions en peu de temps, tant au plan médical que logistique. Si on se rend sur le lieu d’un accident, il faut souvent coordonner les tâches avec les pompiers et la police, et improviser dans des circonstances fréquemment difficiles, avec peu de moyens et une grosse pression de temps.
Un médecin urgentiste doit aussi être « tout terrain ». On fait aussi beaucoup de manipulations techniques : mettre un plâtre, intuber, suturer… On appelle parfois les urgentistes les cow-boys de la médecine, mais en fait, cela me plaît énormément.
Natalie Eggermont. Oh, il ne faut pas exagérer ! Aux service des urgences, on reçoit surtout de « petits » cas. Si je devais réanimer des gens toute la journée, je ne tiendrais pas le coup. C’est très chouette de pouvoir de temps en temps simplement bander une cheville foulée. Ce sont des moments où on a une interaction avec les patients.
Et puis, quand je suis confrontée à des cas lourds, je ne suis jamais seule. Aux urgences, toute l’équipe de l’hôpital est toute proche, tout comme les soins intensifs, et on peut immédiatement appeler quelqu’un à l’aide. Il ne faut pas croire qu’on doit prendre en deux secondes une décision qui est une question de vie ou de mort.
Une des premières choses que j’ai apprises, c’est connaître mes propres limites et savoir quand je dois demander de l’aide. On fait en sorte de ne jamais se retrouver dans une situation où on n’est en fait pas la bonne personne pour prendre ce genre de décision.
Natalie Eggermont. Déjà actuellement, dans mes contacts quotidiens, je constate que des patients refusent certains traitements parce qu’ils ne peuvent pas les payer. Cela me préoccupe, oui. Lorsque je prescris un traitement à un patient et que celui-ci le refuse uniquement en raison de son coût, c’est qu’il y a quand même quelque chose qui ne va pas dans cette société.
Récemment, j’ai eu une vieille dame qui était tombée et qui s’était cassé la hanche. Une dame isolée, avec une petite pension. Lorsqu’on se casse la hanche à cet âge, il faut opérer pour placer une nouvelle hanche, une prothèse. Mais cette femme a dit : « Oh non, ce n’est pas possible ! C’est trop cher. » Cela arrive de plus en plus souvent.
Natalie Eggermont. Je trouve Naomi Klein extraordinaire. Dans la position sociale qu’elle a, elle ose dire des choses très provocantes. Lorsqu’elle dit : « Le problème, ce n’est pas le CO2, le problème, c’est le capitalisme », oui, ça veut dire quelque chose. Et c’est repris par tous les médias. Elle stimule d’importants débats, et elle lie le climat à l’alter-mondialisme.
Natalie Eggermont. J’aime l’action et l’aventure. Tout ce qui donne de l’adrénaline, j’adore ça. D’où mon choix de devenir médecin urgentiste. (Rire.)
D’abord, je fais de l’escalade. C’est un sport de défi, et c’est aussi en quelque sorte du yoga vertical. Il faut de la force, de la souplesse et de la technique, mais aussi de la concentration : juste assez de concentration pour ne plus pouvoir trop penser à plein de choses. Je recherche ce qui m’occupe suffisamment pour pouvoir me détendre, sans que je puisse commencer à cogiter. Et pour ça, l’escalade, c’est parfait.
Etre dehors pour grimper et profiter de la nature, c’est évidemment ce qu’il y a de mieux. L’an dernier par exemple, je suis allée escalader le glacier de l’Ortler, dans les Alpes. Lorsqu’on arrive en haut d’une montagne, que l’on voit toute la nature en dessous de soi, que l’on sent le vent souffler, on sent à quel point l’être humain est petit.
Quand j’ai la tête trop pleine, j’aime aussi m’asseoir derrière un piano et laisser mes mains jouer librement sur le clavier. Je ne joue plus très souvent, mais il y a quelques morceaux qui me restent dans les doigts depuis des années. Rachmaninov est un de mes préférés.
Natalie Eggermont. (Rire) En effet. C’est bien sûr atypique pour une activiste du climat. Un jour, je suis arrivée à moto à une conférence sur le climat et des gens m’ont lancé de drôles de regards.
D’où vient mon amour pour la moto ? Quand j’étais enfant, chez nous, il y avait toujours une moto dans le garage. Mon papa m’emmenait souvent à l’arrière et c’est devenu un truc père-fille. Je n’ai pas de moto et je ne vais pas au travail à moto, mais une fois par an je pars à moto avec mon papa pour un long week-end en France. On fait 300 kilomètres en un jour, sur les petites routes. On a une destination, mais on fait de grands détours. Quand on s’arrête, on s’assied à une terrasse pour boire un café et papoter.
Natalie Eggermont. Non, ça pas ! (Rire.)
Natalie Eggermont. On estime que, déjà actuellement, plus de 50 millions de personnes fuient leur région à cause des conséquences du changement climatique. Le panel d’experts du climat de l’ONU estime que, d’ici 2050, il y aura au moins 150 millions de réfugiés climatiques. Jean-Claude Juncker, le président de la Commission européenne, a déjà mis en garde : le nombre actuel de réfugiés qui arrivent en Europe n’est rien à côté de ce à quoi on peut s’attendre si nous n’inversons pas le cours du réchauffement du climat. Le président français Hollande a évoqué « non pas des centaines de milliers, mais des millions de réfugiés climatiques » si le sommet de Paris est un échec.
Le climat détermine tout. Il ne s’agit pas du soleil qui brille ou de la pluie qui tombe. Le climat concerne le fonctionnement des saisons, les moissons et récoltes qui sont ou non possibles… Par la montée du niveau de la mer, des îles entières vont être englouties. Leurs habitants vont donc perdre leur terre. La majorité de la population mondiale vit dans des villes, et ces villes sont presque toutes situées non loin des côtes.
Natalie Eggermont. De grandes parties de notre pays sont situées à un niveau proche de celui de la mer, donc oui. Mais ce seront d’abord les Pays-Bas qui seront sous eau. En Belgique, nous pouvons donc nous attendre à un afflux de Néerlandais.
Natalie Eggermont. Oui, mais, à nouveau, c’est une question d’inégalité. Ceux qui auront le moins de moyens de s’adapter seront ceux qui subiront le plus les conséquences du phénomène. Ce n’est pas au Bangladesh qu’ils vont pouvoir d’un coup construire des digues, n’est-ce pas ? Ce sont bien sûr les pays aisés qui pourront toujours mettre des choses en place pour s’en sortir.
Natalie Eggermont. Je suis une « végétarienne des poubelles ». Quand je cuisine chez moi, c’est végétarien : sans viande ni poisson, sans produits laitiers… Purement végétal. Mais, lorsqu’il s’agit de nourriture qui va être jetée, je mange tout. Je n’accepte pas le gaspillage. Au travail, lorsqu’il y a un plateau-repas qui n’a pas été consommé – ce qui arrive dans un hôpital –, je le prends. Mais je pense certainement qu’au plan mondial, il faudra manger moins de viande. D’ailleurs, est-ce nécessaire de manger 300 grammes de viande ? Vous pensez vraiment que cela va affecter votre qualité de vie de ne pas manger de viande de temps en temps ? Non, pas du tout. c’est tout simplement une fausse idée.
Ces derniers mois, Natalie Eggermont a travaillé à un livre : Climate Express. Sporen van verandering (Climate Express. Les rails du changement), qu’elle qualifie de « carnet de poche de l’activiste du climat ».
Natalie Eggermont. Il existe beaucoup de livres sur le climat, le plus souvent scientifiques, mais il y en a cependant très peu qui portent un regard politique sur la question. Naomi Klein a écrit un ouvrage formidable – No Time –, mais il compte 500 pages et est par ailleurs écrit de manière assez intellectuelle.
Je relate d’abord l’histoire du train pour Varsovie et ce que cette lutte nous a appris. J’explique comment le mouvement écologiste et les syndicats peuvent en apparence avoir des intérêts différents, mais pourquoi ils doivent s’unir pour une transition juste (le passage à une économie faible en carbone, NdlR). Je développe aussi en quoi consiste un sommet sur le climat, quelle en est l’histoire, quels y sont les rapports de force, etc.
J’aborde ensuite les limites du consumérisme individualiste. En effet, on nous fait trop souvent la leçon : comme on est tous « dans le même bateau », on doit consommer moins, moins rouler en voiture, éteindre les lumières, etc. Mais, si on examine les choses plus en profondeur, l’inégalité est également le fil rouge de la question du climat. Pour nous, c’est le système qu’il faut changer, et non le consommateur. Quant au dernier chapitre, il trace des pistes pour l’avenir.
Article publié dans le mensuel Solidaire d'octobre 2015. Abonnement.
Le PTB veut mobiliser 800 personnes pour aller au sommet climatique de Paris. Toutes les infos sur le site de la nouvelle campagne du PTB « Red is the new green » : www.redisthenewgreen.be
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