Pour lutter contre la radicalisation, le district de Borgerhout veut un renforcement du tissu social

Au lendemain des attentats de Paris, Dirk De Block, conseiller communal à Molenbeek et président du PTB Bruxelles, a proposé 6 pistes pour lutter contre la radicalisation des jeunes. Ces pistes, nous les avons analysées sous un angle local. Nous nous sommes demandé ce qu’un conseil de district aux moyens limités pouvait faire pour arracher les jeunes des griffes des recruteurs djihadistes.

Bien sûr, le PTB ne va pas attendre le gouvernement pour mettre ces pistes en application. Et mieux encore, plusieurs d’entre elles sont déjà une réalité au niveau local grâce à l’approche de Zohra Othman, échevine de la jeunesse à Borgerhout. Parmi ses recommandations pour lutter contre la radicalisation, Dirk De Block propose de motiver les jeunes à participer plus activement à la société. Par l’emploi, en pratiquant un hobby ou en suivant une formation. Concernant l’emploi, notre pays a un problème. La Belgique est en effet l’État d’Europe où le fossé entre « Belgo-Belges » et Belges issus de l’immigration est le plus grand sur le marché de l’emploi.

En matière de hobbies et de formations, le district de Borgerhout a démontré qu’au niveau local il pouvait en être autrement. Grâce au projet « PleinPatrons » (patrons de la place), des jeunes ont pu suivre une formation de stewards chargés de gérer les événements organisés sur « leur » place. Les jeunes qui ont suivi le parcours ont reçu une formation et ont pu constater sur place tout l’avantage que représentait leur présence pour les autres jeunes auxquels ils servent de modèle.

Il ressort clairement de l’article de Dirk De Block qu’il est nécessaire d’investir davantage dans le tissu social et dans tout ce qui rassemble les gens, plutôt que d’économiser sur ces secteurs comme c’est actuellement le cas. Le projet « PleinPatrons » est un parfait exemple puisqu’il stimule les jeunes à développer leurs talents et à trouver leur place dans le quartier et dans la société.

En lançant le projet « PleinPatrons », Zohra a voulu montrer que l’approche des jeunes doit être vue comme faisant partie de la solution, et non pas comme la source du problème. Les jeunes qui ont une responsabilité et un objectif se sentent mieux dans leur peau et dans leur quartier. Un jeune qui prend son quartier à cœur est un jeune qui respecte ses voisins, il sera par conséquent moins susceptible de causer des problèmes et moins réceptif aux promesses des djihadistes.    

Dirk De Block rapporte les paroles pertinentes d’une mère de Molenbeek : « Tout le monde veut être quelqu’un d’important, avoir de la valeur. Si nous ne réussissons pas à leur donner cette valeur, cette place dans notre société, les recruteurs leur offriront ce qu’ils ne trouvent pas ici... ». Il n’est nullement question d’utopie, mais d’une approche qui s’est avérée fructueuse partout où elle a été mise en pratique.

Les sectes fondamentalistes comme Daech vendent du rêve aux jeunes, elles leur promettent une société meilleure, une société où il y a de la place pour eux, où ils font partie d’un groupe, où ils sont utiles. Et comme c’est le cas pour d’autres sectes, lorsque finalement ce beau rêve se révèle être le plus horrible des cauchemars, les jeunes ne sont plus en mesure de le voir. Nous devons leur offrir une alternative, leur donner la reconnaissance à laquelle ils aspirent pour éviter qu’ils ne partent la chercher ailleurs, dans l’extrémisme et la violence.