« Aider un élève à réussir, ça vaut tout l’or du monde »

Chaque année, au moment des examens, RedFox, le mouvement de jeunes du PTB pour les ados du secondaire, organise des « Boost Days », des journées d’étude collective, avec des profs bénévoles qui apportent leur aide. Le succès est au rendez-vous, car le besoin est immense, et l’enjeu, important.

Début décembre, début juin : chaque année, les élèves du secondaire appréhendent ces périodes d’épreuves que sont les sessions d’examens. Ranimer leur motivation pour « s’y mettre » dans cette course contre la montre n’est pas toujours évident. Chez soi, tous ne disposent pas d’un lieu calme où se concentrer, et les tentations sont nombreuses (jeux sur l’ordi, réseaux sociaux, etc.). Et quid si on a quelques lacunes ? Demander à un parent n’est pas forcément la solution. Encore faut-il que ceux-ci aient fait des études et qu’ils aient le temps. Et, même dans ce cas, ça ne va pas de soi : même si on a quelques « beaux restes » de ses humanités, allez réexpliquer à votre ado de l’algèbre, l’accord du participe passé des verbes pronominaux ou l’inversion sujet-verbe en néerlandais... 

Mais, heureusement, il y a les « Boost Days » ! Ce sont quatre après-midi (le weekend) d’étude collective, dans le calme, avec des profs bénévoles pour aider les jeunes dans toutes les branches. En groupe, c’est plus facile de s’y mettre, et on peut s’entraider. Et en plus, il y a un bon goûter. Cela fait déjà quelques années que RedFox, le mouvement de jeunes (en âge du secondaire) du PTB organise ce soutien scolaire au moment des examens, à Bruxelles, Liège et Anvers, pour le prix ultra-modique de 2 euros l’après-midi. 

Plus de 80 jeunes

« Cette année, le bouche-à-oreille a été tel que, le second weekend, à Bruxelles, les locaux étaient archi-remplis, explique Alice Verlinden, la présidente de RedFox. On a eu plus de 80 jeunes. Cela montre bien à quel point le besoin est immense. En effet, le système d’enseignement en Belgique est parmi les plus inégalitaires d’Europe. Le taux d’échecs est énorme, il y a trop d’élèves par classe, trop peu de moyens accordés à l’enseignement, et la réussite scolaire, au lieu d’être assurée par l’école, dépend fort de l’entourage familial. Or tout le monde n’a pas les moyens de payer des cours particuliers, ou de faire en sorte que chaque enfant dispose d’un espace silencieux pour étudier. Et puis, avec les Boost Days, on s’appuie sur la force du collectif, les jeunes se motivent mutuellement et s’entraident. »

Les jeunes, eux, sont ravis. « Chez moi, je n’arrivais pas à étudier, confie Zelio, 13 ans. Je suis distrait, je me dis que les autres sont dehors, s’amusent et ça me décourage. Aux Boost Days, j’ai vraiment étudié, on se concentrait, et j’ai été aidé en néerlandais. Si je n’y étais pas allé, j’aurais peut-être raté. Et puis, tout le monde est sympa, et il y a des pauses au bon moment. » Les parents sont enchantés et soulignent à quel point l’initiative est utile. « En général, je dois tout le temps être derrière mon fils pour qu’il s’y mette et ça fait des disputes, explique Rhimou, la maman de Yassine, 15 ans. Là, il a étudié, et en plus il a eu l’aide d’un prof. »

A propos de profs, Alice Verlinden précise : « Nous sommes toujours à la recherche de profs, surtout de math et de sciences, qui veulent bien donner quelques heures de leur temps bénévolement. Ces Boost Days sont importants pour les jeunes, pour leur montrer qu’on peut réussir, pour leur confiance en soi. Cela aide à faire basculer la balance dans le bon sens. Et, quand un jeune vient nous dire qu’il a réussi, ça vaut tout l’or du monde ! »

Article publié dans le mensuel Solidaire de juillet 2016. Abonnement.