Alain Detemmerman (FGTB) : « Faire contribuer davantage les grands fortunes n’est que justice »

« Ce gouvernement de droite ne cherche l’argent que chez les travailleurs. Est-ce vraiment le modèle de société que nous voulons ? Est-ce vraiment l’héritage que nous souhaitons laisser aux générations futures ? » Non, a résolument répondu Alain Detemmerman (co-Président ABVV-FGTB HORVAL) lors de son discours à ManiFiesta, en nous donnant rendez-vous le 7 octobre.

« Chers Camarades,

Chères amies,

Chers amis,

Chaque année, vous êtes de plus en plus nombreux à la fête de la solidarité. En passant en revue tout ce qui s’est passé, nous constatons que le besoin de solidarité est plus grand que jamais. Cela donne une dimension supplémentaire à cette journée.

Nous pensons à ce flot de réfugiés qui se pressent aux portes de l’Europe. Des familles, hommes, femmes et enfants quittent leur pays puisqu’il est devenu trop dangereux d’y vivre et prennent d’énormes risques pour parcourir le long et difficile trajet vers l’Europe.

Mes propres grands-parents ont dû fuir la guerre et la Gestapo Allemande. Suis-je pour cela un citoyen de deuxième rang ?

Finalement ils arrivent aux portes du pays promis, de l’Europe. Et là, ils sont traités parfois pire que des animaux et ils sont accueillis avec des matraques ! C’est souvent leur premier contact avec l’idéal européen, l’Europe des droits de l’homme. Et que font les politiciens européens … RIEN ! Bien que ce soit la responsabilité du monde politique d’éviter une catastrophe humanitaire, la plupart d’entre eux préfèrent interdire l’accès à l’Europe au moyen de barbelés ! Voilà, le vrai visage de la droite !

Et le monde politique belge, est-il sans reproche ? Absolument pas !

On les reçoit en leur donnant une lettre dans une langue qui leur est étrangère qui dit : aujourd’hui, nous ne vous reconnaissons pas, demain nous ne vous reconnaissons pas, mais essayez à nouveau après-demain.

Le secrétaire d’état à l’Asile et la Migration Theo Francken qui est par hasard de la N-VA – ou peut-être pas par hasard – a organisé un pré-accueil lamentable sous la pression du gouvernement mais surtout contre son envie.

Les politiciens de droite, De Wever en tête, prétendent qu’ils sont pour Schengen, à condition que les portes restent fermées, sinon on devra construire un mur autour de la Belgique. Si vous réussissez tout de même à passer le mur, vous serez un citoyen de second ordre ayant un autre statut qui est moins bon ! Nous ne pouvons pas accepter cela !

Combien d’entre nous n’ont pas eu des grands-parents qui ont dû fuir la guerre, ici même… en Flandre ! Mes propres grands-parents ont dû fuir la guerre et la Gestapo Allemande. Suis-je pour cela un citoyen de deuxième rang ?

Ce que l’on a construit en 20 ans est démoli en 9 mois. Cette politique destructive doit s’arrêter !

Aujourd’hui Il nous faut de l’humanité et surtout de la solidarité ! De la solidarité à l’égard des gens qui ne sont pas ici pour leur plaisir, qui ne sont pas des criminels, qui ne viennent pas voler notre travail, mais qui sont ici par nécessité afin de pouvoir protéger leur famille et vivre d’une manière décente .

La manière dont la Belgique et l’Europe les traitent est scandaleuse et doit cesser !

Depuis l’entrée en fonction du « gouvernement Michel », la politique d’extrême droite se fait de plus en plus ressentir.

Peu à peu, notre modèle social est démantelé. Peu à peu, la concertation sociale est affaiblie. Peu à peu, la situation de chaque citoyen se détériore.

Et personne, sauf les entreprises et les fortunés, n’y échappe.

Quand nous passons en revue l’actualité, les points suivants sautent aux yeux:

• La limitation de la liaison au bien-être
• Le relèvement de l’âge de la pension légale
• L’introduction de règles de disponibilité absurdes
• La diminution de moitié de l’allocation de garantie de revenus
• Les coupes dans les services publics
• L’augmentation de la facture d’électricité

Pour nos amis flamands, ce gouvernement donne encore un cadeau de supplémentaire :

• Augmentation du droit d’inscription à l’enseignement supérieur
• La diminution du bonus logement

De plus, notre index a été attaqué, avec un saut d’index qui équivaut à une perte d’une semaine de rémunération pour chaque travailleur.

Cette liste n’est pas exhaustive. Des dizaines d’autres mesures ont déjà été introduites ayant un seul but : la supression des acquis et le démantèlement de la protection sociale. Ce que l’on a construit en 20 ans est démoli en 9 mois. Cette politique destructive doit s’arrêter !

En tant que syndicats, nous avons revendiqué une véritable réforme de la fiscalité. Nous avons revendiqué que la fiscalité soit plus juste, car aujourd’hui elle ne l’est pas ! Les impôts n’assurent pas uniquement une redistribution des revenus, ils financent également notre enseignement, nos routes, la police, les pompiers, la santé publique… qui sont tous des services publics indispensables.

En Belgique, ce ne sont pas ceux qui ont les épaules les plus larges qui portent le fardeau le plus lourd. Faire contribuer davantage les grands fortunes et les revenus issus du capital aux dépenses publiques n’est donc que justice !!!

Le tax shift n’est devenu rien de plus qu’une augmentation fiscale, où les mêmes personnes paient d’autres impôts et où les entreprises reçoivent à nouveau des réductions de charge supplémentaires sans aucune obligation ni garantie de créer des emplois supplémentaires. Et entretemps, les travailleurs doivent se contenter de marges salariales, d’un saut d’index, de coupes dans les services collectifs, d’ augmentation des accises et de la TVA…

Pour les travailleurs, il ne reste rien que des miettes.

Pour les travailleurs, il ne reste rien que des miettes.

Et ce n’est pas du tout la fin. Ce gouvernement continuera à essayer de nous faire avaler de nouvelles mesures.

À titre d’illustration certaines mesures gouvernementales spécifiques par rapport à l’HORECA. Le gouvernement prétend que cela s’insère dans le cadre de la lutte contre la fraude et le travail au noir, lié à l’introduction de la caisse enregistreuse. Que cette caisse se concrétise un jour, cela reste encore à voir.

Pour nous, l’HORECA est uniquement utilisé en tant que laboratoire. Si on parvient à l’introduire ici, les autres secteurs, vos secteurs, suivront également !

La première mesure concerne l’introduction des flexi-jobs. Dans ce dossier, le gouvernement intervient dans la législation existante, les CCT et la concertation sociale et de nouveaux concepts sont introduits :

• Contrat-cadre
• Un flexi-salaire: pas un salaire brut; mais une indemnité nette de 8,82 EUR qui ne tient pas compte de la classification de fonctions du secteur et des salaires minimums existants

Etant donné que les cotisations sociales habituelles ne sont pas dues, il n’est pas clair de quel statut social ces gens relèveront. Quid en cas de maladie, accident, pension…

Une deuxième mesure porte sur les heures supplémentaires :

Jusqu’à 360 heures supplémentaires pourront être prestées sans récupération. Le salaire brut égalera le salaire net, donc pas de cotisations de sécurité sociale ni impôts,… et le sursalaire pour les heures supplémentaires de 50% est supprimé.

D’où viendra l’argent pour combler les déficits au niveau de la sécurité sociale et de la fiscalité? Quel sera l’impact sur l’emploi ?

Allons-nous abandonner à ces individualistes de droite notre modèle de société pour lequel nos anciens se sont battus ?

Et combien de secteurs demanderont demain d’obtenir des règlementations similaires ?

Voilà le grand risque, auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. A nouveau, le capital est favorisé et ce gouvernement de droite ne cherchera l’argent que chez les travailleurs.

Est-ce vraiment le modèle de société que nous voulons ? Est-ce vraiment l’héritage que nous souhaitons laisser aux générations futures ? Allons-nous abandonner à ces individualistes de droite notre modèle de société pour lequel nos anciens se sont battus ?

Non, nous ne pouvons pas l’accepter.

Voilà pourquoi nous devons continuer à nous opposer.

Voilà pourquoi nous devons continuer cette guérilla contre ce gouvernement.

Voilà pourquoi nous devons continuer à défendre la solidarité !

Voilà pourquoi nous devons être présents massivement lors de la manifestation nationale du 7 octobre à Bruxelles.

Ensemble, on est plus fort ! »