Alternatiba : mobilisation pour la transition écologique, rencontres et espoir

Le tour Alternatiba, c’est 5 600 km à travers 6 pays en 187 étapes entre le 5 juin et le 26 septembre. Un tour de 4 mois depuis Bayonne (Sud-ouest de la France) jusqu’à Paris, en passant par Floreffe, Charleroi, Gand, mais aussi Lyon, San Sebastian, Genève ou encore Fribourg. Des jeunes et des moins jeunes qui ont décidé de passer quelques heures, quelques jours ou quelques semaines sur la selle d’un vélo pour dire : « Changeons le système, pas le climat ».

Ils veulent promouvoir les alternatives tant locales que globales au réchauffement climatique et mobiliser un maximum d’acteurs sociaux et de citoyens pour la grande marche pour le climat du 29 novembre prochain à Paris (voir encadré). Ce lundi 3 août, le tour faisait escale à Bruxelles. L’occasion d’organiser une « masse critique » (manifestation... à vélo) ainsi qu’une soirée de discussions et de rencontres. Rencontre avec Max, 30 ans, cycliste du tour, permanent à Aternatiba et même rappeur engagé à ces heures (voir la vidéo à la fin de l'interview).

Qu’est-ce que le mouvement Alternatiba et comment s’est créée la dynamique ?

Max. Le point de départ d’Alternatiba est de redonner espoir aux gens, de permettre aux membres d’associations locales de se rencontrer, de montrer aux gouvernements que la transition est déjà en route dans de nombreux endroits différents et que le mouvement s’agrandit. Un peu partout où le mouvement s’est lancé, nous organisons ainsi des villages d’alternatives qui sont ces lieux de rencontres. Cela a été lancé par quelques membres de Bizi (vivre en basque), un mouvement d’urgence climatique et de justice sociale. Bizi s’est créé en 2009, juste après l’échec des négociations de Copenhague. C’est un mouvement anticapitaliste, altermondialiste et prônant des solutions locales comme globales.

On a déposé 1,8 tonne de charbon devant le siège régional de la Société Générale qui investissait dans des mines à charbon. 

En dehors des villages d’alternatives, quels types d’action organisez-vous ?

Max. En 2014, par exemple, on s’est rendu compte qu’une des plus grosses banques françaises, la Société Générale, investissait dans un projet appelé « Alpha Coal ». Il s’agissait de la construction d’une mine de charbon à ciel ouvert près de la grande barrière de corail. Un projet très dommageable tant pour l’environnement (le charbon est une des énergies les plus polluantes) que pour la biodiversité sur place. Cela correspondait à l’équivalent de 1,8 milliard de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. On a organisé une campagne pour sensibiliser les gens à cette situation et fait pression pour que la direction nous écoute. Ils ne nous ont pas écouté. On a donc été déposer 1,8 tonne de charbon devant le siège régional de la banque à Bayonne.

Après ça, d’autres organisations à travers la France ont commencé à imaginer d’autres plans du même genre. Finalement, cela n’a pas été nécessaire puisque, grâce à la mobilisation, après quelques semaines on a reçu une lettre de la banque qui disait qu’ils se retiraient du projet. Cela montre que la lutte paye.

Comment résumeriez-vous les objectifs d’Alternatiba ?

Max. Notre objectif principal est de populariser toutes sortes de petites alternatives au changement climatique. Mais, à coté de ça, on n’oublie pas l’importance de marcher sur deux pieds, c’est pour ça qu’on défend aussi des mesures globales.

Quoi qu’il arrive, on est contre les mauvaises solutions comme le marché du carbone par exemple. L’enjeu est de faire payer les gros pollueurs. Une idée qu’on soutien avec Alternatiba, c’est pas exemple d’instaurer une écotaxe sur les transports en camion. Avec l’argent récolté, on pourrait ensuite investir plus d’argent dans les transports en commun. Il faudra bien sur faire attention à ce que cette taxe ne soit pas répercutée sur le prix des produits et donc payée par la population.

Le lien entre écologie et social est aussi une dimension très importante

Avec quelles revendications allez-vous à Paris pour le sommet climatique ?

Max. On veut que les gouvernements prennent toutes les mesures nécessaires pour que la température reste en dessous des 2°C. Car, malgré ce qu’ils affirment, ce n’est pas sur la table de discussion et tout pousse à croire que ce ne sera pas le cas. C’est pour ça qu’on doit mobiliser des centaines de milliers de personnes pour le sommet climatique. Pour se faire entendre.

Le lien entre écologie et social est aussi une dimension très importante. Une taxe kilométrique comme on en parle ici en Belgique par exemple, qui fait payer tout le monde de la même manière, sans prendre en compte ni les moyens financiers, ni les responsabilités de chacun, n’est pas une bonne solution. Pour assurer que l’on reste sous les 2°C, l’État doit prendre des mesures contraignantes pour obliger les entreprises à prendre des décisions en fonction de l’environnement et pas en fonction de leurs profits !

Vous avez parcouru des milliers de kilomètres. Quel est votre meilleur souvenir de ce tour ?

Max. La rencontre avec ces centaines d’organisations locales qui luttent au quotidien un peu partout pour développer des alternatives au changement climatique est une vraie bouffée d’oxygène pour moi. Faire ce tour nous a permis de les rencontrer mais cela a aussi permis a plein d’organisations et d’associations de se rencontrer entre-elles et d’élargir leurs horizons.

Sinon un des plus chouettes accueils a été il y a quelques jours, à Floreffe pour le festival Esperanzah !. On a été accueilli par des milliers de personnes, on a pu participer au Village des possibles, à la parade pour le climat… Mais que l’accueil soit organisé par 10 personnes ou par 3 000, le résultat est le même : une rencontre et de l’espoir.

Est-ce vous qui avez écrit les paroles de la chanson du tour, « On s’mobilise » que vous chantiez durant la « masse critique » à vélo ?

Max. Cette chanson est une création collective, on s’est appuyé sur beaucoup de gens, d’artistes pour la musique, le montage… J’ai écrit les paroles mais avec l’aide de beaucoup de membres d’Alternatiba.