Après les applaudissements, le respect | Grèves d’avertissement pour des hausses de salaire en Allemagne

Construction et commerce, deux secteurs, une même revendication : que la classe travailleuse reçoive une plus juste part de la richesse qu’elle produit. Histoire de mettre la pression, des grèves sont déjà en cours chez nos voisins allemands.

La classe travailleuse et ses syndicats ont arraché plusieurs vraies augmentations de salaire en Allemagne ces derniers mois : 5 % pour les postiers, 8,7 % pour le personnel soignant, etc. Maintenant, ce sont les travailleurs et les travailleuses des secteurs de la construction et du commerce de détail qui passent à l’action.

La construction emploie 890 000 salariés en Allemagne. Autant de personnes concernées par la nouvelle convention collective négociée depuis la semaine dernière. Le syndicat IG BAU exige une vraie augmentation des salaires de 5,3 %. Le patronat refuse en parlant d’un secteur en crise dont la croissance serait nulle cette année et où le prix des matériaux serait en hausse. Ces prédictions sont balayées par les syndicats qui rappellent que les bénéfices du secteur, loin d’avoir souffert du coronavirus, étaient en hausse de 6 % l’année dernière. « Il est donc normal que les travailleurs voient également cette hausse sur leur fiche de paie », selon Carsten Burckhardt, membre de la direction d’IG BAU cité par le quotidien Junge Welt.

Pour des vraies hausses de salaire

Côté du commerce de détail, les organisations syndicales ont comme objectif une hausse de 4,5 % minimum, plus une hausse de 45 euros de salaire et un salaire minimum de 12,50 euros de l’heure. La semaine dernière, des premières grèves d’avertissement (arrêts de travail limités dans le temps, qui vont crescendo et sont de plus en plus larges pour obliger le patronat à bouger) ont été menées dans la région de Cologne et de Bonn (ouest du pays). Dans ce secteur aussi, de gros bénéfices ont été empochés par les actionnaires. Selon le syndicat Ver.di, le secteur a enregistré la plus forte croissance de ventes depuis 1994. Plus de 3 millions de personnes travaillent dans le secteur, qui comprend les magasins, mais aussi le commerce en ligne. Deux tiers de ces travailleurs sont des travailleuses et une majorité travaille à temps partiel. « Elles et ils sont confrontés quotidiennement au virus et à la peur de l’infection. Les normes d’hygiène ne sont pas toujours et partout respectées », selon Silke Zimmer, qui participe aux négociations pour Ver.di.

Bref, en Allemagne aussi, la classe travailleuse se bat pour avoir plus que des miettes et pour que leur travail soit respecté à sa juste valeur...