Au Soudan, des manifestants réclament « le retour des soldats dans leurs casernes »

Le 25 octobre de l'année dernière, les militaires soudanais ont placé le Premier ministre Hamdok et tous les ministres civils en résidence surveillée. Depuis lors, le Soudan est à nouveau submergé par un flot ininterrompu de protestations populaires. Dans de nombreuses grandes villes du pays, des centaines de milliers de manifestants réclament la fin de l'impunité de l’état-major de l’armée. Ils exigent le retour d’un gouvernement civil total disposant des pleins pouvoirs. Le mot d’ordre est : « Pas de négociations avec les militaires. Soldats, rentrez dans vos casernes. Les criminels, devant les tribunaux. »

Les militaires dans les casernes, pas au gouvernement

Après la chute du dictateur Omar el-Bechir en 2019, le Soudan s’est retrouvé dans une situation ambiguë. Des officiers supérieurs de l'armée, anciens partisans d’el-Bechir et eux-mêmes criminels de guerre, se sont partagé le pouvoir avec les représentants de certains des partis politiques qui avaient pris part au soulèvement contre el-Bechir.

Leur intention était d'organiser des élections démocratiques après deux ans. Mais en octobre 2021, le chef des militaires, le général el-Burhan, s'est emparé du pouvoir et a reporté les élections à une date indéterminée.

Une résistance croissante

Entretemps, la plus grande partie du mouvement populaire de 2018-2019 s'était organisée en comités populaires pour s'opposer aux militaires. Avec d'autres forces d'opposition et des associations professionnelles, telles que le syndicat des médecins, ils ont organisé des manifestations massives. Ils se sont heurtés à une violente répression militaire : en deux mois, 57 manifestants ont été tués et des centaines blessés. Mais le mouvement de protestation ne s'est pas arrêté pour autant. Fin novembre, les militaires ont fait un pas de côté et ont réinstallé le Premier ministre Hamdok à la tête d'un gouvernement composé de militaires et de civils.

Toutefois, les manifestants ont continué à exiger un gouvernement entièrement civil en menant des actions chaque semaine. Le jeudi 30 décembre 2021, après que trois autres victimes sont tombées sous les balles des militaires, Hamdok a démissionné de son poste de Premier ministre. Une nouvelle série de manifestations est annoncée pour le samedi 9 janvier.

Le PTB a déjà envoyé à deux reprises un message de solidarité au mouvement populaire soudanais et au Parti communiste soudanais, très actif dans la contestation populaire. Le 3 janvier, le PTB a écrit dans un message de soutien :
« Le régime veut continuer d'ignorer les revendications du peuple pour une véritable démocratie, un gouvernement civil et des avancées sociales, mais nous savons que, s’il est uni, le peuple ne sera jamais vaincu. Nous demandons l'arrêt immédiat de la répression, et la justice pour les victimes de celle-ci. Nous exhortons les autorités à libérer immédiatement tous les prisonniers politiques, en particulier les dirigeants des comités de résistance. Nous sommes solidaires de la lutte du peuple soudanais, de ses organisations de masse et de son Parti communiste. »