Carnets solidaires | Aurélie : « On avait l'impression d'être dans un pays en guerre »

Après les inondations qui ont frappé notre pays, ils et elles ont intégré les SolidariTeams du PTB aux quatre coins du pays pour venir en aide aux personnes sinistrées. Manches retroussées et bottes aux pieds, ces bénévoles ont montré qu’ensemble, on est plus forts. Solidaire relaie les témoignages de ces travailleuses et travailleurs au grand cœur.

« Quand j'ai découvert les images sur les réseaux sociaux, j'ai d'abord cru que c'étaient de ‘simples’ inondations, comme on en voit chaque année, explique Aurélie de Carnières (Hainaut), secrétaire dans une école. Lorsque, j'ai compris l'ampleur du phénomène, j'ai décidé d'agir. »

Vous aussi, vous voulez aider ? Rejoignez les SolidariTeams sur www.ptb.be/inondations.

Par où commencer ?

Je ne savais pas trop ce ce que je pouvais faire, comment m’y prendre, où aller. Il y a eu un grand mouvement de générosité, toute la Belgique s'est mobilisée. Tout le monde voulait aider. Je ne voulais pas mal faire, arriver toute seule là-bas… J'ai donc mis un post sur Facebook pour faire savoir que je souhaitais être bénévole. Une amie membre du PTB m'a alors contactée et transmis les coordonnées de la responsable locale.

Le dimanche suivant, je suis arrivée au local du PTB à La Louvière vers 8 heures. J'avais pris mes filles de 11 et 13 ans avec moi. Elles étaient super motivées. Au début de la journée, personne ne se connaissait. À la fin, tout le monde connaissait tout le monde ! On a directement été briefés sur l'organisation de la journée. On était une dizaine. On a organisé les voitures, puis on s’est mis en route. Pendant le trajet, j'ai pu faire connaissance avec d'autres bénévoles. On s'est tout de suite super bien entendus.

Du petit indépendant à la plaine de jeu

Une fois à Verviers, on a rejoint d'autres SolidariTeams au point de rendez-vous. On était plus ou moins 60. On venait de toutes les régions : il y avait des Wallons, des Flamands et des Bruxellois. Là, on nous a expliqué où on devait aller. Moi, j'ai fait deux endroits. D’abord, un petit Delhaize franchisé. Le gérant était un petit indépendant qui venait d'ouvrir fin juin. Tout son magasin était inondé. Comme c'est un franchisé, forcément, il n'avait pas d'aide de la grosse enseigne Delhaize. On l’a aidé à tout nettoyer. Les hommes sont descendus à la cave pour déblayer. Les murs avaient dû être abattus tellement ils avaient pris l'eau. Et nous, les femmes, on a nettoyé le haut. 

Ensuite, on s’est rendu dans une plaine de jeu, située dans un quartier défavorisé. C'était triste à voir car les enfants n'avait souvent déjà que cet endroit pour s'amuser avant... Toute la plaine de jeu avait été inondée et ravagée par la boue. On a dû aller déblayer tout ça. 

« On a l’impression qu’ils sont abandonnés »

Le contact avec les habitants était incroyable. Un exemple : quand on est sur place, forcément, à un moment, on doit aller aux toilettes ! On a alors demandé à une dame originaire du Congo si on pouvait aller chez elle. Et là, elle nous a raconté cette journée où, à 3 heures du matin, sa maison a été inondée. C'était vraiment une catastrophe : elle n'avait plus rien. Comme il n'y avait plus d'Internet, plus d’électricité, plus rien, ses ados de 17 et 18 ans, étaient partis loger dans sa famille. J'en ai pleuré tellement c'était émouvant. 

On avait l'impression d'être dans un pays en guerre alors qu'on était chez nous, en Belgique. On se serait cru vraiment ailleurs. On se disait : « Ce n'est pas possible que ça soit arrivé comme ça. » Et on a l'impression qu'ils sont vraiment abandonnés, ces gens-là. Au niveau des autorités communales, il n'y a personne. Pour la plaine de jeu, ils n'avaient même pas mis de containers. J'ai l'impression que s'il n'y a pas de citoyens qui vont aider, dans un an, c'est encore comme ça.

« Cela m’a donné envie de continuer à m’investir »

Heureusement, il y a cette solidarité. J'en ai des frissons rien que d'en parler. C'est fou. On est allés les aider sans rien attendre en retour... Et en fin de journée, ils nous ont organisé un barbecue pour nous remercier. C'est vraiment une aventure humaine incroyable, riche en émotions. 

Ça me tenait vraiment à cœur d'y aller avec mes filles, Il se passe quelque chose chez nous. On doit se bouger, on doit aller aider. Elles ont été fort marquées, elles aussi. Elles veulent y retourner. Pour moi, c'est gagné, c'est ça que je voulais leur transmettre. J'aimerais que ça continue après. Cela m'a donné envie de m'investir dans d'autres actions dans l'avenir.

Vous aussi, vous voulez aider ? Rejoignez les SolidariTeams sur www.ptb.be/inondations.