Coronavirus, des nouvelles du front (9) : Nathalie, médecin généraliste chez Médecine pour le Peuple

Nathalie, médecin généraliste chez Médecine pour le Peuple, à Genk , a elle-même été testée positif pour le coronavirus. Elle va mieux maintenant et  aide aux consultations par téléphone.

Samedi 4 avril, Hasselt

Cela fait maintenant 13 jours que j'ai été testée positive au coronavirus. La maladie a évolué par à-coups. Au début, les deux symptômes les plus marqués étaient les maux de tête et une grande faiblesse. Au bout de quatre jours environ, j’ai perdu l’odorat (anosmie) et je me suis mise à ressentir une oppression dans le nez. Je pensais pouvoir reprendre le travail mardi dernier, mais la veille, au soir, j'ai à nouveau eu une légère poussée de fièvre et des maux de tête. Entretemps, j’ai progressivement retrouvé l’odorat et j’ai moins mal à la tête. Je retournerai à la maison médicale lundi prochain, j’ai besoin de me remettre dans le rythme. 

Alors que j’étais malade, j'ai pu, dès le troisième jour, suivre régulièrement le briefing de l'après-midi par les équipes de coordination, du coup, je me sentais impliquée. Comme j'ai fait une petite rechute lundi dernier, Stany (le coordinateur) m'a apporté mon téléphone mercredi. Comme ça, lorsque j’en ai l’énergie, je peux tout de même faire quelque chose. Je peux ainsi appeler notre groupe de patients vulnérables pour savoir s’ils parviennent à appliquer les mesures de quarantaine, s'ils ont besoin d'aide, s'ils éprouvent des difficultés physiques et psychologiques et s'il y a d'autres problèmes ou points auxquels il faudrait prêter attention. Les patients sont impressionnés que je les appelle alors que je ne suis pas encore complètement guérie, mais ils sont heureux que l’on prenne de leurs nouvelles. Comme on pouvait s’y attendre, le coronavirus les préoccupe beaucoup.

Pendant ce temps, à la maison médicale

À la maison médicale, on travaille aussi différemment. Mes confrères médecins font principalement des consultations par téléphone. Seules les consultations urgentes se font à la maison médicale. Les problèmes liés au coronavirus sont transmis, si nécessaire, au poste de tri, où mes collègues mettent la main à la pâte. Nous pensons qu'il sera très important de continuer à le faire dans les semaines à venir. Travailler par téléphone est fatigant et, en tant que médecin, cela vous met de toute façon à l’épreuve. Vous ne pouvez pas voir le patient, donc vous devez vous fier à ce qui se dit au téléphone pour poser votre diagnostic. Ce n'est pas toujours facile.

Les infirmières prennent aussi les appels téléphoniques, car l’une de nos collègues de l’accueil est malade et les infirmières ont très peu de consultations à effectuer. Nous utilisons pour cela le système Bingli. Il s’agit d’un système de tri en ligne qui se base sur les questions posées par l'infirmière au patient pour suggérer les étapes suivantes, par exemple, s’il vaudrait mieux que le patient voit un médecin ou non.

La psychologue reste en contact avec ses patients par téléphone et elle effectue les consultations urgentes par vidéo ou en personne.

Nous avons aussi mis en place un système de suivi de nos patients atteints de maladies chroniques. Nous vérifions ainsi si les mesures de quarantaine sont appliquées, s’ils ont besoin d’aide pour faire des courses, mais aussi comment ils vont sur le plan de la santé mentale, etc.

Nous avons un fichier séparé reprenant la liste des bénévoles qui souhaitent donner un coup de main : faire des courses, téléphoner régulièrement aux patients isolés et/ou appeler les patients vulnérables.

Solidarité

Jeudi, nous avons fait don à la maison de repos Zorgbedrijf, de Genk, de 1000 masques et 70 blouses que Médecine pour le Peuple avait commandés en raison du manque criant de matériel de protection dans les maisons de repos. 

Nous avons aussi voulu donner un coup de pouce au personnel des supermarchés voisins vendredi dernier. Les temps sont durs pour eux aussi. Ils subissent un rythme de travail effréné, sont en contact étroit avec les gens, et ce, pour ainsi dire, sans aucune protection.