Des ondes positives contre le racisme et les violences policières

Dans nos villes, des gens de couleurs, cultures, religions et origines différentes se croisent et s’entrecroisent. Cependant, le racisme et la discrimination s’intensifient. Pour y faire face, les jeunes du PTB organisent des festivals à Anvers, Bruxelles et Liège sous le signe de la diversité.

La diversité est une réalité. À Bruxelles, Liège, Anvers, etc. des gens de couleurs, cultures, religions et origines différentes se croisent et s’entrecroisent. Nos grandes villes sont devenues des « majority-minority cities », des villes où la majorité des habitants appartiennent à l’une ou l’autre minorité.

Mais cette richesse fait face à une certaine anxiété. Racisme et discrimination s’intensifient même ces derniers temps. 

Mais ce n’est pas une fatalité. Depuis le mardi 22 mars et les attentats de Bruxelles, spontanément, des gens de tous horizons se sont rassemblés dans la capitale et dans d’autres endroits du pays. Partout, des citoyens, dont beaucoup de jeunes, ont voulu faire passer le message « Non à la haine, à la terreur, au racisme, oui à la solidarité, à la diversité ». La jeunesse est à la pointe des mouvements pacifistes et contre le repli identitaire. Plus que jamais, le mouvement de jeunes du PTB veut rassembler un maximum de monde pour célébrer leur vision de société. Ils ont donc lancé une semaine de la diversité qui commencera le 8 mai à Bruxelles et se terminera le weekend du 14-15 mai avec une parade à Liege le 11 mai et un festival à Anvers le 15 mai.

Violences policières

Les discriminations ne datent évidemment pas du 22 mars. À Bruxelles, Samira a vu sa candidature systématiquement rejetée lorsqu’elle postulait pour un poste dans l’enseignement, jusqu’au jour où elle a tenté le coup en utilisant un prénom « belge » (Cécile) et là, elle a directement reçu une réponse enthousiaste (voir pages 24-25). À Anvers, le taux chômage chez les personnes issues de pays non européens est près de trois fois plus élevé que celui des autres, un chiffre qui continue de grimper. Sur le marché de l’immobilier aussi, un nom à consonance étrangère est souvent synonyme de refus. Une étude de l’Université de Gand révèle qu’il y a discrimination une fois sur trois. Malgré cela, nos décideurs continuent de faire la sourde oreille. « Nous ne voulons pas d’une chasse aux sorcières », a déclaré la N-VA.

En attendant, la ville d’Anvers est le théâtre d’une série d’incidents racistes et d’actes de violence inutiles de la part de la police locale. Parfois suite à la menace terroriste, mais souvent sans la moindre raison. L’administration communale a rejeté toutes les demandes d’enquête approfondie et nié l’existence d’un problème structurel. Au début du mois de mars, huit agents suspectés d’avoir racketté des sans-papiers ont été arrêtés. En plus de s’être fait voler leur argent et leur gsm, les victimes ont été menacées et passées à tabac. Peter Mertens, le chef de groupe PTB au conseil communal anversois a réclamé qu’une enquête indépendante soit menée, de manière à mettre le doigt sur les cas problématiques et permettre à ceux qui font correctement leur travail d’avoir la reconnaissance qu’ils méritent.

Avoir toujours sa carte d’identité sous la main

Le racisme et la discrimination ont de lourdes conséquences sur les jeunes d’origine étrangère. Généralement ils ne font pas de hautes études et doivent chercher plus longtemps un emploi. « Comme tous les autres jeunes j’ai déjà eu affaire à la police, témoignait récemment Saïd Boumazoughe, travailleur social. Tout simplement parce que j’ai la tête que j’ai. Que pensez-vous que ces jeunes ressentent ? » Ils sont arrêtés pour des faits mineurs ou non prouvés. Certains ont décidé de garder leur carte d’identité dans la poche de leur veste plutôt que dans leur portefeuille : c’est plus simple et plus rapide en cas de contrôle. 

La super-diversité, un atout

Pour les jeunes, la super-diversité avec laquelle ils grandissent est considérée comme un atout. « Chez les 15 – 21 ans, la tolérance prime », titrait récemment le quotidien Gazet van Antwerpen dans le cadre d’un vaste sondage d’opinion réalisé auprès des jeunes. « L’immigration et le port du voile sont des sujets dont ils ne se soucient plus depuis longtemps ». Leur ville étant plus diversifiée que jamais, le mieux vivre ensemble devient leur priorité absolue en politique.

La tendance à considérer cette diversité comme une chose positive ne se limite pas aux jeunes. Les différentes actions « Ensemble contre la haine » menées ces derniers mois ou le soutien témoigné à Samira/Cécile lors de son procès devant le tribunal du travail en sont la preuve, tout comme la vague d’indignation suscitée l’an dernier par Bart De Wever lorsqu’il a qualifié le racisme de « relatif » et déclaré « qu’il était trop souvent invoqué comme excuse pour justifier un échec personnel ». Sans parler de tous ces gens qui se rassemblent pour dire non aux amalgames depuis les attentats de Paris en novembre 2015 et Bruxelles en mars dernier. 

Ensemble on est plus fort

C’est dans ce contexte que le mouvement de jeunes du PTB d’Anvers a lancé son festival Diversity In Antwerp City en mai 2015. L’idée de créer un événement où toutes les cultures pourraient se rencontrer est née suite à une enquête réalisée auprès des jeunes, et au bon moment. L’événement a fait le buzz sur Facebook et au final près de 4 000 personnes se sont rassemblées au Park Spoor Noord pour passer ensemble un après-midi sous le soleil à écouter de la musique, goûter des plats typiques et rencontrer des personnes venues des quatre coins du monde. 

Les jeunes organisateurs du festival – eux-mêmes aussi différents que la ville dans laquelle ils vivent – ont donc concocté une seconde édition et ont donné des idées aux jeunes d’autres régions qui prévoient d’étendre le concept à Bruxelles et Liège. Le 8 mai prochain, le festival Diversity In Brussels City marquera le départ d’une semaine de solidarité dans tout le pays, qui se clôturera avec le festival Diversity In Antwerp City le dimanche 15 mai. Avec dans toutes les villes du pays, un même message : « Tout ce qui nous unit nous rend plus forts ».

Musique multiculturelle, danse, activités sportives, cuisine du monde, fair-trade, ateliers créatifs, orateurs et ambiance garantie à Bruxelles, Liège et Anvers. 

• Diversity In Brussels City, dimanche 8 mai à 14 h au Parc Gaucheret à Schaarbeek (Gare du Nord). 

• Parade à Liège, mercredi 11 mai de 14 à 16 h, de la Place Saint-Léonard à la Place de la Cathédrale.

• Diversity In Antwerp City, dimanche 15 mai à 14 h au Park Spoor Noord. 

Article publié dans le mensuel Solidaire d’avril 2016. Abonnement.