France : des propositions de gauche pour une société post-coronavirus | Le coronavirus dans le monde

Chaque jour, Solidaire sélectionne pour vous des informations issues de la presse internationale. La situation sur le nombre de victimes, mais aussi comment les travailleurs se battent pour faire primer leur santé sur le profit.

Espagne : doublement du chômage temporaire

En un mois, le nombre de nouveaux travailleurs concernés par le chômage temporaire a plus que doublé. Une avalanche de dossiers d'ERTE (chômage temporaire), concernant 3,5 millions de travailleurs submerge les administrations depuis un mois.

A Madrid, les distributions de nourriture de la Croix Rouge attire 5 fois plus de monde qu'avant le corona.

France : réactions au discours de Macron « Aucune rupture avec les politiques construites ces dernières décennies »

Suite à l’allocution de Macron hier soir où il a annoncé que le confinement mis en place depuis le 17 mars sera progressivement levé à partir du 11 mai, le PCF (Parti communiste français) a réagi en critiquant des mesures jugées insuffisantes : « Où sont les mesures fortes tant attendues ? Où est la rupture avec les politiques conduites ces dernières décennies ? »

Il manque selon le PCF « de mesures permettant de répondre efficacement à la crise et aux difficultés de nos concitoyens alors que la précarité et la pauvreté s'aggravent chaque jour dans notre pays. Derrière les paroles, notre pays, parmi les premières puissances mondiales, ne dispose toujours pas d'une stratégie pour fournir toutes les protections nécessaires à la population et aux salariés. »

 La priorité devrait porter sur la production et la mise à disposition de matériels de protection et de tests en grand nombre

Que devrait faire Macron ? « La priorité devrait porter sur la production et la mise à disposition de matériels de protection et de tests en grand nombre, permettant d'engager un processus de déconfinement maîtrisé ainsi qu'une grande politique de prévention. Les malades devraient être isolés dès maintenant. Les activités non essentielles devraient être totalement arrêtées. »

En finir avec l’austérité pour un plan de relance ambitieux

« Rien ne justifie par ailleurs la poursuite des mesures dérogatoires au droit du travail : elles doivent être abrogées. Les réformes des retraites et de l'assurance chômage définitivement abandonnées. Il faut en finir définitivement avec l'austérité budgétaire en France et en Europe et mettre un terme aux cadeaux sans limites aux actionnaires et aux grandes fortunes … en commençant par la mise en débat d'une nouvelle loi de santé publique construite avec les personnels et un véritable plan de relance industrielle et de recherche ainsi que de nouvelles coopérations en France, en Europe et dans le monde, libérées de la domination des marchés financiers ».

« Ceux qui ont mis le monde dans cet état prétendent nous imposer encore leurs solutions aux problèmes qu’ils ont provoqués ! »

La France Insoumise actualise son programme électoral de 2017 « L'avenir en commun »

L’introduction donne le ton : « Ils sont responsables. Ils sont coupables. Pourtant ceux qui ont mis le monde dans cet état prétendent nous imposer encore leurs solutions aux problèmes qu’ils ont provoqués ! Nous les en croyons incapables et toujours aussi dangereux. On peut gouverner autrement avec d’autres objectifs et d’autres méthodes. Et nous voulons proclamer qu’on peut commencer à le faire à tout moment ».

Leur programme est d’actualité : « Car il n’avait pas été rédigé pour satisfaire une mode médiatique ou sacrifier à un simple un rite électoral. Il s’agissait au contraire de traduire en mesures concrètes une nouvelle vision du monde. »

« Le déconfinement est inenvisageable sans dépistage »

Une étude de l’Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a examiné les différentes stratégies envisagées pour sortir du confinement. Il en ressort, notamment, que tester massivement les nouveaux cas, et les isoler, sera indispensable.

Italie: les syndicats critiquent la reprise des activités et un lockdown qui n'a jamais été appliqué sérieusement par les entreprises

Les syndicats de Lombardie critiquent le fait que le lockdown soit pratiquement levé et n’ait pas été appliqué partout

L'industrie du nord veut recommencer à produire des voitures, des accessoires de mode et de l'acier. Mais les syndicats de Lombardie critiquent le fait que le lockdown soit pratiquement levé et n’ait pas été appliqué partout, loin de là: « Près de la moitié des entreprises de la région sont actives, environ 450 000 sur 800 000 au total. Dans la province, malgré le fait que Bergame soit l'épicentre de l'épidémie, le nombre de personnes qui ont soit repris, soit même jamais arrêté la production est particulièrement élevé. Environ 40 % des activités ont déjà recommencé », entend-on dans les rangs syndicaux. Contredisant la propagande patronale, les syndicats ont constaté que près de la moitié (2,3 sur 4,5 millions) des entreprises sont ouvertes au niveau national. Selon Francesco Macario, secrétaire régional du parti de gauche Rifondazione, « 60% à 70% de la production industrielle de Bergame n'a jamais été suspendue, a été reprise ou est en cours de reprise. » 30 parlementaires italients appellent le gouvernement italien à sauver des migrants en mer Un drame de plus secoue aujourd'hui l'Italie : 250 migrants sont coincés en mer et risquent de chavirer entre Malte et la Libye. Trente parlementaires de différents partis, surtout de gauche mais aussi de partis gouvernementaux ont appellé le président du Conseil (Premier ministre) Conte à les sauver. L'un des bateaux a coulé. Pour Carola Rackete, activiste et capitaine de navire en mer, plus connue comme Captain Rackete qui avait bravé le leader d'extrème-droite Salvini en juin 2019, « les autorités de l'UE le savaient depuis hier et ont décidé de ne rien faire. Ces personnes auraient pu facilement mourir sans sauvetage civil organisé par l’ONG @smhumanitario qui a sauvé 47 personnes ».

Allemagne : débat sur les recommandations proposées pour le déconfinement

La chancelière Angela Merkel s'adressera à la population mercredi. On parle d'un durcissement des mesures avec un couvre-feu et une interdiction d'alcool.

Cependant l'Académie nationale des sciences ("Leopoldina") recommande un assouplissement et un retour progressif à la normalité. Les recommandations sont assez spécifiques en ce qui concerne les écoles (écoles primaires ouvertes, crèches fermées), ou encore des masques dans les bus. Elles mettent ausi en avant la responsabilité personnelle plutôt que les sanctions, et préconise une réouverture des magasins, des restaurants et des bars.

La Hans-Böckler-Stiftung, la fondation syndicale de recherche, met en garde contre le coût économique d'un retour trop rapide à la normale, car cela provoquerait davantage d'infections. La fondation propose plutôt début mai comme première date d'assouplissement. Fabio De Masi (Die Linke, gauche) commente sur Twitter le Leopoldina : "Les experts du #Leopoldina (qui a récemment recommandé la fermeture de 1300 cliniques) veulent des masques de protection, mais n'expliquent pas comment l'Allemagne va finalement obtenir suffisamment de masques de protection. Les experts disent : le marché le règlera, mais le marché régule aussi la mort ! "

Le personnel hospitalier lutte contre la pandémie…et le système antisocial

En Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Land le plus peuplé et le plus fort du pays économiquement où se trouve notamment Cologne, le personnel hospitalier se retrousse les manches face à la maladie, mais pas seulement. En effet, un projet de loi pour le moins questionnant a été soumis par le gouvernement régional, dont le Premier Ministre est issu du même parti que la chancelière Angela Merkel (le CDU, droite libérale et conservatrice chrétienne). Ce texte visait à imposer un service obligatoire pour le personnel médical, et sa version originale a enfin été suspendue ce mercredi 8 avril. Ce blocage est le résultat des protestations continues du personnel des hôpitaux, conjointement à des syndicats, des juristes constitutionnels, au Parti de Gauche et à des fractions parlementaires du SPD (sociaux-démocrates) et de l’Alliance 90/Les Verts.

De leur côté, les partisans de l’ « Alliance de Düsseldorf pour plus de personnel hospitalier » ne se sont pas arrêtés à cette victoire, et ont protesté jeudi matin devant le parlement régional. Ils s’opposent notamment au système de forfait (basé sur le nombre de cas dans les hôpitaux) et veulent renforcer le système de soins santé. Le porte-parole de l’Alliance, un infirmier, rappelle que « les incitations économiques doivent être systématiquement interdites dans les soins aux patients ». Selon lui, les patients n’ont en effet pas à assumer les frais médicaux. Il estime d’ailleurs que ces principes doivent « s’appliquer à tous les autres domaines du système de santé et du système social ».

Le co-président de Die Linke appelle à un changement fondamental dans la politique économique pour la période post-coronavirus Pour Bernd Riexinger, co-président de Die Linke, « les mesures de sauvetage actuelles de l'État devraient être utilisées pour un "nouveau départ" ». Riexinger veut également orienter son organisation dans une direction différente et plus verte. « Une grande partie de ce que la gauche a toujours dit semble se confirmer aujourd'hui: à savoir qu'en cas d'urgence, le capitalisme abandonne les gens et qu'un État fort doit intervenir là où les forces du marché échouent ». Riexinger voit la crise actuelle comme un catalyseur de la restructuration imminente de l'industrie automobile. « Les aides d'État devraient être conditionnelles. Il n'est plus possible de relancer toutes les lignes de production, qu'elles aient un avenir ou non », explique Riexinger: « Dans la crise, nous nous rendons compte que l'industrie automobile peut soudainement construire des respirateurs. Ensuite, qu'il peut également construire des systèmes intelligents de transport de marchandises, des tramways et des systèmes de réseaux numériques pour la période qui va commencer après la crise. »Un shift modal de notre mobilité avec des locomotives et des wagons Daimler, Volkswagen ou BMW, voilà comment il faut le comprendre. Et il en va de même pour le secteur de l'aviation.

USA : Les travailleurs du secteur de la viande qui tombent malades en masse refusent de continuer à travailler dans des conditions dangereuses.

Alors que COVID-19 ravage des communautés entières à travers les États-Unis, de nombreux experts conviennent que les usines d'emballage de viande, où les employés travaillent côte à côte, sont le prochain point zéro pour la propagation de COVID-19. Dans plusieurs communautés rurales avec des pointes soudaines de COVID-19, de nombreux résidents disent que les usines de conditionnement de viande qui entourent la ville et emploient plusieurs milliers de résidents de la région sont responsables d'accélérer la propagation de COVID-19. La ville d’Albany en Géorgie a vu plus de 30 personnes mourir du virus et a le quatrième taux par habitant le plus élevé de cas de COVID-19. La ville est entourée d'une série d'une demi-douzaine d'usines d'emballage de viande, où des milliers de travailleurs sont employés dans l'emballage de viande. « Nos membres implorent l'entreprise depuis des semaines, et l'entreprise n'a rien fait ici. Quand je parle à nos membres, j'entends une réelle peur dans leurs voix. Ils doivent être entendus », a déclaré Edgar Fields, président du syndicat RWDSU (Retail, Wholesale and Department Store Union) qui représente 10 000 travailleurs dans le sud-est des États-Unis.

Etats-Unis : des infirmières de Chicago en arrêt de travail pour obtenir les mêmes équipements de protection que les médecins

Aux Etats-Unis, l’organisation Democratic Socialists of America (DSA) met à disposition une plateforme pour permettre aux travailleurs d’échanger de bonnes pratiques pour s’organiser et défendre leurs droits dans la lutte contre la pandémie. Ce parti de gauche, résolument opposé aux politiques colonialistes et néolibérales dans le monde, déclare : « Notre Comité d’urgence pour l’organisation des travailleurs prend de l’élan ! Besoin de conseils pour vous organiser en cette période de coronavirus ? Des idées à partager ? Consultez la plateforme collaborative de ressources DSA Covid-19 ».

Nous savons comment combattre cette pandémie et comment prendre soin les uns des autres. Ceux qui dirigent l’hôpital savent, quant à eux, qu’ils ont besoin de nous 

Sur le terrain, des infirmières américaines doivent se battre pour obtenir le matériel de protection auquel les médecins ont pourtant automatiquement droit. Via de petites actions collectives, des groupes d’infirmières d’un hôpital de Chicago se sont organisées pour que les masques N95 (semblables aux masques FFP2), soient immédiatement disponibles. L’infirmière en chef du service de réanimation des urgences, Consuelo Vargas, s’est en effet rendu compte que les médecins disposaient de matériel de protection mais que celui-ci n’était pas accessible aux infirmières. Elle en a informé ses collègues, qui ont rejoint Vargas dans son mouvement de protestation. Elle a précisé aux médecins que tant que du matériel adéquat n’était pas à leur disposition, elles se croiseraient les bras dans la salle de repos. Les responsables d’équipes ont réfléchi aux différentes démarches que cela impliquerait si de telles actions devaient se reproduire. Elles sont tombées d’accord pour protester aussi longtemps que nécessaire pour obtenir les masques N95 : « nous savons comment combattre cette pandémie et comment prendre soin les uns des autres. Ceux qui dirigent l’hôpital savent, quant à eux, qu’ils ont besoin de nous ».

Dans l’Ouest américain, deux peuples amérindiens, les Navajo et les Hopi, font face à une crise sanitaire inquiétante. Pour y remédier, ces deux communautés frontalières des Etats de l’Arizona, de l’Utah et du Nouveau-Mexique ont créée ensemble une « Caisse de solidarité Covid-19 pour les familles Navajo et Hopi » qui a permis d’organiser bénévolement la distribution d’eau et de nourriture dans la région. « C’est incroyable de voir nos communautés s’unir et répondre de manière proactive à la menace du virus dans les réserves Navajo et Hopi » a déclaré Ethel Branch, ancienne procureure générale Navajo et fondatrice de la Caisse de solidarité. Elle n’aurait pas imaginé que cela aurait un tel impact, et elle se réjouit de voir à quel point les gens prennent soin de ces communautés : « leur sens de la justice face aux inégalités présentes dans les communautés indigènes a transformé cet effort en un véritable mouvement ».

Le Vietnam envoie 450 000 combinaisons de protection… aux USA

Le Vietnam reçoit moins d'attention que la Chine où Cuba, deux pays socialistes à la pointe de la lutte contre le Covid-19, malgré les très bonnes premières mesures de prévention de l’épidémie.

Le Vietnam a accéléré l'expédition de 450 000 combinaisons de protection DuPont aux États-Unis pour aider les professionnels de la santé à combattre le coronavirus, a déclaré mercredi l'ambassade des États-Unis à Hanoi. "Le premier des deux premiers envois de plus de 450 000 combinaisons de protection DuPont fabriquées au Vietnam est arrivé dans le stock stratégique national américain le 8 avril", a déclaré l'ambassade dans un communiqué. «Cette expédition aidera à protéger les professionnels de la santé travaillant en première ligne contre COVID-19 aux États-Unis et démontre la force du partenariat américano-vietnamien», a-t-il ajouté. Le Vietnam, qui a enregistré 251 cas de coronavirus, sans décès, a déclaré mardi qu'il avait fait don de 550 000 masques à cinq pays européens.