Plan de transport 2017 : les lignes rurales oubliées, mais une autre voie est possible

Ce dimanche 10 décembre, la SNCB a lancé son nouveau plan de transport. Un plan « avec plus de trains et plus de correspondances », qui « élargira l’offre ferroviaire de 5,1% » si on en croit la SNCB. Qu’en est-il en réalité ?

Service communication contre service aux usagers

Le service communication de la SNCB se plait à répéter à qui veut l’entendre que le nouveau plan de transport élargit l’offre ferroviaire, que plus de trains circulent partout et que toutes les demandes des voyageurs ont été entendues.

Mais il suffit de discuter avec des usagers pour se rendre compte que le tableau est bien moins reluisant : « je dois prendre le train une heure plus tôt par rapport à maintenant », « la correspondance n’est plus assurée pour Courcelles », « je dois attendre 57’ pour mon train vers Luxembourg » …

La liaison Manage-Braine-le-Comte fait partie des liaisons qui sont supprimées depuis le 10 décembre (pardon, « transformée en liaison La-Louvière-Sud-Braine-le-Comte », comme le dit la SNCB).

Les gens habitant Manage et les alentours sont désormais obligés de passer par la Louvière pour se rendre à Bruxelles. Un détour par rapport au trajet précédent les faisant passer par Braine-le-Comte. Certains voyageurs doivent prendre le train une heure plus tôt…

Mais l’impact est plus large puisque que cette liaison est aussi une solution alternative pour les usagers quand il y a des perturbations entre La Louvière et Bruxelles ou La Louvière et Mons (comme lors de la triste journée du lundi 27 novembre avec le drame de Morlanwelz).

Cet exemple montre bien la tendance des derniers plans de transport de la SNCB de concentrer l’effort et les trains sur les grands axes reliant les grandes villes.

L’association Navetteurs.be estime que les horaires sont encore trop réduits dans les régions rurales « notamment à cause des suppressions de premiers/derniers trains dans le précédent plan de transport et qui se confirment dans cette nouvelle mouture ».¹

Temps de parcours augmentés, lignes locales oubliées

Les temps de parcours augmentent sur plusieurs lignes. Faire Charleroi-Bruxelles prenait 62 minutes avant, il en faut 66 dans le plan de transport 2017. Bruxelles-Midi – Gand passe de 28 minutes à 30 minutes.

Et lorsque les temps de parcours diminuent entre le plan de transport 2014 et 2017, il est toujours intéressant de regarder la situation avant le plan de transport 2014 : Bruxelles-Midi – Namur par exemple passe de 72 minutes en 2014 à 69 avec le nouveau plan de transport. Mais en 2008, ce trajet s’effectuait en… 63 minutes. Hasselt – Anvers passe lui de 78 à 77 minutes, mais se faisait en 68 minutes en 2008. Quand on gratte un peu, le vernis de la com’ tombe très vite.

Autre point noir de ce plan de transport : les petites lignes locales. La majorité des « nouveaux trains » avancés par la SNCB sont des trains IC reliant soit une grande ville à Bruxelles, soit les grandes villes entre-elles. A l’heure où toutes les villes souffrent d’embouteillages, renforcer uniquement les grandes lignes c’est encourager les gens à prendre leur voiture jusqu’à une grande ville (dans des parkings devenus, bien sûr, payants²) et continuer leur voyage de là. Des lignes locales plus fortes pourraient remplir cette fonction et permettre de laisser les voitures au garage. La volonté de la SNCB de concentrer les trains sur les grands axes montre une logique de « rentabilité ». Incompatible avec une vision de service public que devrait normalement offrir le train.

Mobilisation navetteurs/cheminots

Bref, le nouveau plan de transport ne révolutionne rien. Comment le pourrait-il ? Il reste dans le contexte des années précédentes de « faire plus avec moins », de faire davantage d’économies sur le dos des cheminots et des usagers.

Impossible, en effet, d’envisager un plan de transport ambitieux avec 4 000 emplois en moins annoncés par la CEO de la SNCB, Sophie Dutordoir, d’ici 2022.³ Impossible non plus d’imaginer un service aux usagers efficace en réduisant les horaires d’ouverture des guichets ou en poussant les cheminots à travailler plus longtemps.

Mais certains usagers, notamment sur des lignes secondaires, ont vu leur offre s’améliorer. Leur secret ? La mobilisation des usagers avec les cheminots.

C’est ainsi que les usagers de la ligne 132 (Charleroi-Couvin) ont obtenu des avancées avec le plan de transport du 10 décembre 2017.⁴ Non seulement leur dernier train est maintenu à 21h40, alors que des rumeurs de suppression circulaient, mais ils ont également obtenu deux points d’arrêt supplémentaires, désormais aussi desservis par les trains IC.

Ou comme les organisateurs de « Wijk Zonder Train » : après le plan de transport 2014 qui supprimait un train sur deux, les habitants du quartier ont obtenu, après deux années d’actions avec les syndicats, le retour de davantage de trains du coté de Gentbrugge (banlieue gantoise).⁵ Preuve qu’une autre voie est possible…