Redevance TV : « Chaque signature est une pression de plus sur le gouvernement »

Le PTB a lancé sa pétition contre la redevance TV au début du mois de février. Quelques mois plus tard, quels sont les résultats ? La suppression de cette taxe injuste est-elle un slogan de campagne ? Ou le PTB compte-t-il réellement obtenir victoire ? Damien Robert, initiateur de la pétition, répond à nos questions.

Au compteur, près de 20 000 signatures. La campagne du PTB en Wallonie contre la redevance TV tourne à plein régime. « On a des excellents échos de partout. Dans les quartiers, des gens nous demandent des nouvelles “Et alors, la redevance TV, on va vraiment la faire tomber ?” », se réjouit Damien Robert, président du PTB Liège et initiateur de la pétition www.stopredevancetv.be. La pétition peut être signée en ligne, mais également sur le terrain : « Dans les entreprises, dans les quartiers, via nos équipes qui font du porte-à-porte et se rendent sur les marchés, et nos militants qui la font signer dans leur entourage. Tout le monde nous dit qu’il ne veut plus payer cette taxe car elle est inutile et antisociale. Alors, avec le PTB, on va aller jusqu’au bout de la démarche. »

“Et alors, la redevance TV, on va vraiment la faire tomber ?”

On signe souvent des pétitions : comment être sûr que celle-ci a vraiment du poids ?

Damien Robert. D’abord, parce qu’elle est signée par beaucoup de monde. Près de 20 000 personnes, ce n’est pas rien. Plus on a de signature, plus on a de poids. Le gouvernement wallon sent le souffle de la rue dans son cou : il est mis sous pression avec cette campagne. Depuis le début de celle-ci, le ministre wallon du Budget, Christophe Lacroix (PS), multiplie les déclarations : il affirme qu’il va prendre les choses en main, revoir la fiscalité wallonne et supprimer la redevance TV. Alors certainement, on arrive à leur mettre la pression. Et plus il y aura de signatures, plus le ministre aura du mal à faire marche arrière par rapport à ses déclarations.

La suppression de la redevance TV n’est donc pas un slogan. Vous voulez réellement l’obtenir ?

Damien Robert. Oui ! On va certainement encore mener cette campagne jusqu’au mois de septembre. Le ministre Lacroix avait promis de supprimer la redevance lors d’une discussion sur la fiscalité en Wallonie au mois de mai, mais il ne l’a pas fait. Et il annonce que la discussion est reportée au mois de septembre. Mais ce n’est pas grave : on ne lâche pas le morceau. On va redoubler d’effort, continuer à récolter des signatures aux quatre coins de la Wallonie, pour qu’il soit obligé de tenir sa promesse.

Le gouvernement wallon sent le souffle de la rue dans son cou

La pétition fonctionne aussi bien en version digitale que sur le terrain ?

Damien Robert. Oui, la pétition tourne bien. Elle a fait un buzz au niveau digital, sur les réseaux sociaux, à son lancement. Et régulièrement les annonces et appels à signatures sont largement partagés. Sur le terrain, la campagne a également été lancée il y a deux mois et ça marche du tonnerre. Toutes les sections du PTB sont en action. Certains weekends, il y a 10 actions simultanées organisées par des sections du PTB afin de récolter des signatures dans leur quartier ou sur un marché. Les réactions des gens qu’on rencontre sont enthousiastes : il y a beaucoup de respect pour ce que le PTB fait. En plus de la récolte de signatures, nous faisons grandir le PTB. La semaine dernière, au marché d’Herstal, 11 personnes ont pris leur carte de membre lors d’une récolte de signatures d’une équipe de militants.

Le PS et le cdH, au gouvernement wallon, promettent de supprimer la redevance TV. Faut-il les croire ?

Damien Robert. On n’est pas naïfs. Ce n’est pas parce qu’ils promettent de faire quelque chose qu’ils vont le faire. D’ailleurs, mi-avril, PS et cdH ont voté… contre (!) la proposition de supprimer la redevance TV – à l’unanimité –, au Parlement wallon. Ca ne nous inspire pas confiance. A ce propos, la réaction du député PTB wallon Frédéric Gillot a été très largement partagée sur les réseaux sociaux (voir ci-dessous, NdlR). Alors continuons. On veut les obliger à supprimer cette taxe.

On laisse s’échapper les fortunes des grands fraudeurs, mais on s’acharne sur le contribuable

Vous avez récemment dénoncé dans la presse un acharnement de l’administration afin de faire payer cette redevance aux ménages wallons, à coups de huissiers si nécessaire…

Damien Robert. D’une part, on laisse le champ libre aux grands fraudeurs qui planquent leur fric dans des paradis fiscaux, comme l’a révélé le scandale des Panama papers. D’autre part, il y a un acharnement du gouvernement wallon sur le contribuable, en allant chercher des redevances qui n’ont pas été payées – tout simplement car la personne avait oublié de payer la taxe –, en allant chercher parfois 800 euros chez des ménages qui ont du mal à terminer leur fin de mois.

Et parfois, ces 800 euros sont accompagnés d’une visite d’un huissier. C’est deux poids, deux mesures : un enfer fiscal pour les travailleurs, et un paradis fiscal pour les multinationales.