Un nouveau rapport suédois confirme les effets positifs de la semaine de 30 heures

Pour ce gouvernement, une seule chose compte : travailler toujours plus, plus longtemps et de façon plus flexible. Mais à Göteborg, on pose d’autres priorités. On y a expérimenté le « sextimmarsdag », la journée de six heures. Un nouveau rapport confirme nos suppositions : c’est très bon pour le personnel. 

Que feriez-vous de deux heures de temps libre de plus par jour ? Faire du sport, finir enfin la lecture de ce livre, apprendre une langue ? Ou, tout simplement, vous reposer ? À Göteborg, sur la côte occidentale suédoise, on a voulu examiner l’effet de la diminution du temps de travail avec maintien du salaire sur la qualité de vie et de travail du personnel soignant. On a donc expérimenté la journée de six heures à la maison de repos de Svartedalen et on a comparé les résultats à ceux de la maison de repos de Solängen, où le rythme de travail est demeuré inchangé, et à ceux de l’ensemble des fonctionnaires municipaux de Göteborg.

Résidents et personnel se sentent nettement mieux

Parmi le personnel de Svartedalen, le nombre de malades est en baisse, alors qu’à Solängen et parmi les fonctionnaires municipaux, il est en hausse. Nous assistons également à une augmentation des contrats à durée indéterminée et de la stabilité du côté des travailleurs. On a embauché 14 équivalents temps plein (ETP) et le nombre d’intérimaires régresse fortement. La flexibilité diminue, la sécurité de l’emploi augmente. 

Dans un sondage sur l’état général du personnel, Svartedalen laisse Solängen loin derrière elle. Le personnel soignant se sent mieux, plus calme et en meilleure forme. Et il dispose de plus de temps pour faire du sport. Pour les résidents aussi, les retombées sont remarquables. En compagnie de leurs infirmières, ils regardent des photos, participent à des jeux de société, dansent, chantent, font de la gymnastique... En moyenne, le personnel soignant de Svartedalen a pu consacrer 64 % de temps en plus à ces activités essentielles que ses collègues de Solängen. 

Opter pour la modernité

Le personnel soignant de la maison de repos de Svartedalen constate de visu à quel point des choix alternatifs du 21e siècle rendent l’existence plus saine et moins stressante. Qu’est-ce qui empêche donc nos décideurs politiques d’emprunter la voie de l’avenir ? Pourquoi restent-ils si attachés à ces recettes des 19e et 20e siècles, alors que toutes, l’une après l’autre, s’avèrent absolument inefficaces ?

La semaine dernière encore, Securex publiait un rapport qui prouvait une fois de plus que l’actuel stress au travail et le fait de travailler jusqu’à un âge plus avancé ne faisait qu’accroître les chiffres de maladie. Le gouvernement a un problème avec ces chiffres, mais pense que la solution réside dans la chasse aux malades. Les sortir des statistiques modifiera peut-être les chiffres, mais certainement pas le problème. Des mesures comme celles de la loi Peeters, qui veut pousser l’hyper-flexibilité à des hauteurs incroyables, ne feront que créer une nouvelle armée de malades. 

Chaque fois, il a été prouvé que les choix du gouvernement ne fonctionnent pas. Nous devons opter pour la voie de la modernité, dans laquelle le travail est organisé de façon saine, avec des emplois stables et sûrs, et avec suffisamment de temps libre pour vivre aussi en dehors des heures de travail. C’est sur cette voie que l’on trouve la semaine de 30 heures. 

Article publié dans le mensuel Solidaire de juin 2016. Abonnement.