Les premières expulsions collectives de réfugiés de la Grèce vers la Turquie ont eu lieu. Des gens fuyant la guerre et la misère embarqués dans un avion, entourés par des gardes du corps au costume noir et brassards avec le drapeau bleu de l’Union européenne. Ces expulsions sont prévues par l’accord conclu en mars entre l’Union européenne et la Turquie.
Cet accord prévoit que tous les réfugiés arrivant en Grèce seront renvoyés vers la Turquie. Arianne, infirmière bénévole de l’ONG Médecins du Monde sur l’île grecque de Lesbos : « Ça me peine de voir que, quand tu fuis la guerre et la misère, tu te retrouves à être traité comme un prisonnier. De voir aussi que tu dois enlever les lacets de tes chaussures, donner ta ceinture, te faire fouiller, pour ensuite te faire escorter par la police vers un endroit isolé, entouré de barrières et de fils barbelés. »
Un accord inhumain et illégal
Selon les associations des droits de l’Homme et des réfugiés, il s’agit d’une violation de la Convention de Genève et de la Charte des droits de l’Homme de l’Union européenne, qui interdisent des expulsions collectives. Quelques jours après, on apprenait que la Turquie tirait sur des réfugiés syriens fuyant la guerre. Et qu’elle renvoyait des réfugiés vers des zones de guerre comme l’Afghanistan et l’Irak.
L’objectif de l’Union européenne est donc de fuir sa responsabilité internationale et morale vis-à-vis des réfugiés fuyant les guerres au Moyen-Orient. L’Union européenne paie pour créer des camps de détention de réfugiés en dehors de ses frontières. La Turquie en accueille pourtant déjà presque 3 millions, soit plus que l’ensemble des pays de l’Union européenne.
La faute aux Turcs ?
A en croire les responsables politiques européens, les dimensions inhumaines de l’accord turco-européen seraient dues au chantage du président, Recep Tayyip Erdogan. Ce dernier aurait imposé des conditions à l’Union européenne. Mais si la Turquie a tout fait pour négocier des termes favorables, c’est bien face à une Union européenne qui a voulu mettre toute sa responsabilité humanitaire vis-à-vis des réfugiés sur le dos de la Turquie.
La Turquie accepte de faire une partie du sale boulot pour l’Union européenne. Ce n’est pas en soi une surprise. La Turquie reste, notamment dans le cadre de l’Otan, un allié fondamental de nos gouvernements. Les tensions entre la Turquie et la Russie en sont une conséquence. Mais, avant d’accepter le rôle de sous-traitant de l’Union européenne, Erdogan a négocié. Il a utilisé des méthodes de pression et diplomatiques. Cela lui a valu les foudres de l’ex-Premier ministre libéral belge Guy Verhofstadt, entre autres, et d’une partie de la presse européenne. Les Premiers ministres français et tchèques ont crié au « chantage ». Mais... n’est-ce pas l’Union européenne qui