À la rencontre des 18 députés-ouvriers du PTB

« Nous voulons faire du parti un parti où la classe travailleuse se sent chez elle. Nous voulons que les ouvrières et les ouvriers prennent une place centrale dans le parti, à tous les niveaux. » Lors de son Congrès de lʼUnité de 2021, le PTB sʼest donné un objectif ambitieux mais nécessaire. Cela sʼest traduit, aussi, le 9 juin dernier par lʼélection de 18 députés-ouvriers. Et ce nʼest pas anodin.

« Cʼest la première fois quʼun parti belge peut envoyer un ouvrier au Parlement européen. C’est important, parce quʼon nʼentend pas la langue de la classe travailleuse dans les Parlements. On y pratique principalement un langage compliqué qui met les gens à distance. Cʼest un choix délibéré, pour que les gens ne comprennent pas. Je connais la langue de la classe travailleuse et je veux la faire entrer au Parlement européen. » Dans sa dernière interview à Solidaire avant les élections, Rudi Kennes expliquait lʼimportance de faire entrer la classe travailleuse dans les Parlements. Lui-même devient le premier ouvrier belge à entrer dans lʼhémicycle européen.

Envoyer des membres de la classe travailleuse dans les Parlements nʼest pas un coup marketing. Cʼest une nécessité démocratique. Quand on est habitué à vivre avec 7 000 euros nets par mois (sans compter tous les autres avantages), lʼexplosion du prix des produits alimentaires ou du carburant nʼest pas le même problème que quand on touche 2 000 euros nets. Quand on a passé sa carrière assis dans de confortables divans, les conditions de travail pénibles ne sont pas aussi préoccupantes que lorsquʼon a passé 21 ans à la caisse dʼun Aldi ou debout à la chaîne de production dʼune voiture… Avec une majorité dʼouvriers dans les Parlements, la pension ne serait pas passée à 67 ans.

Raoul Hedebouw, président du parti de gauche, se montrait satisfait au soir des élections : « Dans notre société, il y a 60 % de travailleurs. Si notre Parlement comptait 60 % de travailleurs, personne nʼaurait voté en faveur de lʼabolition de la retraite anticipée. En effet, tous ces hommes politiques auraient eu mal au dos, aux épaules et se seraient fatigués au travail. Telle est la réalité de nombreux travailleurs aujourdʼhui en Belgique. Cʼest pourquoi nous voulons porter cette réalité dans les Parlements. Je suis fier de nos 18 députés-ouvriers élus par les travailleurs. »

Des ouvriers de tous les secteurs et de toutes les Régions

Notons que le PTB considère comme ouvrier « la couche des salariés au sein de la classe travailleuse qui n’a pas de diplôme de l’enseignement supérieur. Il ne s’agit donc pas seulement de salariés ayant le « statut » d’ouvrier. Cette définition inclut également les salariés ayant le statut d’employé, ou les fonctionnaires, qui n’ont pas de diplôme de l’enseigne- ment supérieur ». (Congrès de lʼUnité, 2021) Le Vif a calculé que 86 % des nouveaux élus francophones au Parlement fédéral ont un diplôme de lʼenseignement supérieur, contre 23 % pour la population…