Les travailleurs de BASF signent massivement pour un « travail faisable »

« Travailler en système continu est très exigeant sur le plan physique et psychique, la politique va à l'encontre de toutes les intentions de travail faisable. » C'est ce que disent les responsables du lancement d'une pétition chez le géant de la chimie BASF à Anvers. Ils réclament le maintien des crédits-temps de fin de carrière dès 55 ans et de la prépension à 58 ans. 

Impressionnant : 1 200 travailleurs de BASF¹ ont signé une pétition lancée à l'initiative des syndicats. Ils réclament le maintien des crédits-temps de fin de carrière dès 55 ans et de la prépension à 58.

Ce lundi 19 novembre à midi, une délégation de la FGTB et de la CSC a remis la pétition à Wouter De Geest, CEO de BASF et tout nouveau président du Voka, organisation patronale flamande. Ensuite, la délégation syndicale s'est rendue au cabinet du ministre de l'Emploi Kris Peeters (CD&V) et de celui des Pensions Daniel Bacquelaine (MR). Nous avons rencontré les délégués principaux de la FGTB et de la CSC à BASF.

La pétition montre bien que nos revendications rencontrent un énorme soutien dans les ateliers 

« Collecter les signatures s'est fait très vite », explique Ivo Janssen, délégué principal de la FGTB à BASF. « La pétition montre que l'écrasante majorité est très préoccupée par les plans du gouvernement en vue de réformer les pensions. Tout le monde n'ira pas manifester, mais la pétition montre bien que, dans les ateliers, nos revendications rencontrent un énorme soutien. »

« Nous travaillons dans un système continu. Cela signifie qu'on change parfois de pause trois fois par semaine, après-midi, matin, puis nuit. C'est très pénible. Dans la pétrochimie, une occupation minimale est nécessaire, pour la sécurité. S'il y a des malades dans une équipe, nous devons parfois faire des doubles pauses. Il y a des collègues qui travaillent deux semaines d'affilée, pour combler ces trous. Au-delà de 60 ans, c'est intenable », ajoute Ivan Janssen.

Rendez-vous le 14 décembre

 On parle de “travail faisable” mais, en réalité, c'est le contraire qui se passe

« On recourt beaucoup aux crédits-temps pour travailler à mi-temps ou en 4/5 dès 55 ans. Mais, désormais, c'est supprimé. On parle de “travail faisable” mais, en réalité, c'est le contraire qui se passe. Et, avant, il y avait encore des boulots où on pouvait souffler un peu, de sorte que les travailleurs plus âgés pouvaient assumer leurs tâches, mais tous ces emplois sont désormais sous-traités par d'autres firmes.

De même, l'âge de la prépension – désormais appelée RCC (Régime de chômage avec compléemnt d’entreprise, NdlR) – a été relevé. Les collègues veulent le maintien du droit à la prépension à 58 ans, sans mise en disponibilité. Car les conditions pour pouvoir prendre la prépension n'ont pas seulement été rendues plus strictes. Quand on prend sa prépension, on doit rester disponible. Le Forem propose du travail ou des formations auxquelles on est obligé d'assister, sinon on reçoit des sanctions ou l'on perd son allocation. Mais nos collègues sont éreintés après avoir travaillé des dizaines d'années en continu. Ils ont droit au repos », conclut le délégué principal de la FGTB.

Cette pétition est un puissant signal à l'adresse des employeurs et du gouvernement 

Même son de cloche chez Dirk De Swert, porte-parole de la CSC à BASF. « Il y a beaucoup d'incertitude », dit-il. « On nous pose sans cesse des questions. Les gens veulent avoir la certitude de pouvoir cesser de travailler à temps. Avec cette pétition, nous voulons mettre un terme à l'incertitude. Nous estimons que cette pétition est un puissant signal à l'adresse des employeurs et du gouvernement et nous demandons le respect. »

Le 14 décembre, une journée nationale d'action est annoncée. Ivo Janssen : « Notre délégation est prête pour de nouvelles actions qui mobiliseront la base ! Nous ne pouvons pas laisser passer ça... »