Maintenir les vieilles centrales nucléaires en fonctionnement est irresponsable

Au cours des dernières semaines, trois incidents se sont produits dans une centrale nucléaire. Après redémarrage, le réacteur nucléaire est à chaque fois automatiquement retombé à l’arrêt, en mode de sécurité.

Le 24 décembre, suite à une fuite dans une conduite de vapeur à haute température, Doel 3 s’était mise à l’arrêt. Un peu plus tôt, c’était un incendie qui s’était déclaré dans la partie non-nucléaire de la centrale Tihange 1. Et, le 2 janvier, Doel 1 a connu un problème avec un alternateur.

La réaction du ministre Jambon a été de déclarer que « cela montre que les systèmes de sécurité fonctionnent », et qu’il n’y a « aucun problème de risque nucléaire ». Il ne manquerait certes plus que ça, que les systèmes de sécurité ne fonctionnent pas… Mais cela donne à réfléchir quant à la politique d’Electrabel au plus haut niveau. On a entendu annoncer qu’Electrabel engagerait 350 personnes, ce qui signifie qu’on y travaille actuellement avec une équipe fortement en sous-effectifs et qu’on fait prester à celle-ci, de manière irresponsable, trop d’heures supplémentaires. Un article paru dans Le Soir du 4 août critiquait déjà vivement le fait qu’Electrabel fasse des économies sur l’entretien préventif dans les parties non-nucléaires – pour une installation qui, en plus, tourne depuis bien plus longtemps que la durée pour laquelle elle était prévue. Et c’est justement là qu’on investit trop peu dans l’entretien et que le personnel travaille sous stress : une combinaison propice aux incidents.

Le ministre peut bien minimaliser les incidents, mais cela reste un fait : les parties non-nucléaire et nucléaire d’une centrale sont étroitement liées. Le redémarrage et la mise à l’arrêt sont des procédures qui risquent à chaque fois d’entraîner de nouvelles fissures. Si l’arrivée d’eau froide extérieure était touchée, nous serions face à un grave problème. Dans la région autour de Tihange, cinq millions de personnes devraient être évacuées et, dans celle autour de Doel, plus de neuf millions.

Protestations à l’étranger contre la politique nucléaire belge

Le gouvernement du Land allemand de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a protesté contre les réacteurs nucléaires de Tihange. Le gouvernement du Grand-Duché de Luxembourg est également inquiet et va interpeller le gouvernement belge. Quant à la Communauté germanophone de Belgique, elle a récemment exigé la fermeture des réacteurs nucléaires.

Dans la province néerlandaise du Limbourg, nombre de communes ont interpellé les autorités belges sur la menace que représente Tihange. Les conseils communaux de Roosendaal et de la ville de Bergen op Zoom protestent maintenant ouvertement contre la centrale nucléaire de Doel. Roosendaal et Bergen op Zoom sont en effet situés dans la zone d’évacuation de Doel.

Au conseil communal d’Anvers, les motions introduites ont été rejetées par la majorité de droite N-VA-CD&V-Open VLD. Les plaintes de trois pays étrangers contre la politique nucléaire belge constituent un encouragement pour les activistes belges.

Choix antidémocratiques et protestation juridique

Le gouvernement De Wever-Michel mise tout sur l’option nucléaire, alors que la majorité de la population exprime déjà depuis des années qu’elle veut s’en débarrasser, comme d’autres pays d’Europe ont déjà réussi à le faire (le Danemark par exemple).

Le gouvernement a décidé une prolongation de 10 ans et le redémarrage des plus anciennes centrales nucléaires Doel 1 et Doel 2, qui devraient normalement être fermées selon la loi de 2003. Greenpeace et une série d’autres associations ont entamé une procédure judiciaire contre l’Etat.

Le gouvernement et l’organe de contrôle AFCN ont approuvé les arguments d’Electrabel et ont autorisé le redémarrage des réacteurs fissurés de Doel 3 et Tihange 2 – même s’il n’y avait pas d’unanimité parmi les experts nucléaires étrangers consultés. Electrabel part du principe que ces fissures étaient déjà présentes dès le début et qu’elles n’ont pas augmenté pendant toutes ces années, mais rien de tout cela n’est prouvé. L’ASBL Nucléaire Stop Kernenergie a introduit une procédure en référé le 21 décembre pour laisser les centrales Doel 3 et Tihange 2 à l’arrêt vu le risque trop grand pour la population. Et une deuxième plainte de riverains va être élaborée.