Jacques Pauwels à ManiFiesta à propos de 1914-1918 « Les élites voulaient une guerre depuis longtemps »

C’est devant un public nombreux et très intéressé que l’historien Jacques Pauwels, auteur du récent (et déjà classique) 1914-1918 : la Grande Guerre des classes, a évoqué la Première Guerre mondiale, en conversation avec l’historien Jan Demolyn, de l’université de Gand.

 « J’ai voulu montrer une autre guerre, pas seulement celle entre des Etats, a-t-il expliqué. Il y avait en effet une guerre intérieure dans chaque pays, dans chaque armée : un conflit, ouvert ou non, entre, d’une part, les généraux et dirigeants politiques issus de la haute bourgeoise et de l’aristocratie et, de l’autre, les simples soldats, les "poilus", c’est-à-dire les paysans et les ouvriers qui servaient de chair à canon. »

« Cette guerre n’était pas un conflit qui a dégénéré suite à un attentat à Sarajevo. Les élites voulaient une guerre depuis longtemps. Pour empêcher la révolution, pour arrêter la démocratisation et revenir au bon vieux temps où le peuple avait du respect pour le "seigneur". En effet, dans les hauts cercles, la noblesse était encore toute-puissante. Ces élites avaient peur – à tort – du mouvement socialiste, du suffrage universel, de la démocratie. Elles espéraient que les paysans et les ouvriers réapprendraient la discipline et le respect de l’autorité. Mais il en a été autrement. Parce que la guerre s’est éternisée, parce que le peuple était de plus en plus révolté, parce que la révolution menaçait, elles ont dû concéder plus que tout ce qu’elles voulaient éviter : la journée de huit heures, le suffrage universel, etc. »

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