Les nouveaux contrats à temps partiel transforment (surtout) les femmes en travailleuses-yo-yo
Les nouveaux « flexi-contrats » du ministre Peeters sont antisociaux, particulièrement néfastes pour les femmes et rétrogrades, écrit Peter Mertens, le président du PTB. Ils transforment encore davantage les travailleurs à temps partiel, en majorité des femmes, en yo-yo suspendu à la ficelle des desiderata du patron. Au lieu d’absurdités comme les contrats zéro heure, nous ferions bien mieux de mettre en œuvre des choix de société orientés vers l’avenir, comme la redistribution du travail.
Sophie a 40 ans. Cette maman enjouée élève seule son fils, Lucas, qui a 10 ans. Cheffe de ménage isolée, Sophie travaille à temps partiel comme caissière dans un Delhaize, avec un contrat à mi-temps et à horaire variable. « J’aurais voulu ne plus avoir à faire de service en soirée, comme je suis seule avec Lucas, explique Sophie. Travailler jusqu’à 20 ou 21 heures, alors que la garderie ferme à 18 heures, c’est un casse-tête... Comment je vais faire avec mon fils ? Cette question se pose au moins une fois par semaine. Et, comme j’ai le petit un week-end sur deux, j’ai demandé à travailler aussi un week-end sur deux. On ne me l’a pas accordé. Je travaille chaque samedi, soit le matin, soit l’après-midi. Quand je n’ai pas d’autre solution, il m’arrive de devoir laisser mon fils seul à la maison. Comme j’ai 20 heures à prester en 4 jours, j’ai 2 jours de congé sur la semaine. Un qui est fixe, le mercredi. Et le deuxième qui varie, selon l’humeur du chef. » Des femmes comme Sophie, il y en a beaucoup. Et le travail à temps partiel n’est pas toujours une solution qui permet de concilier travail et vie familiale.
Les contrats yo-yo : disponible permanence sur un claquement de doigts
Le ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) a une mauvaise nouvelle pour Sophie. Jusqu’à présent, la législation précise qu’elle doit être informée de son horaire au moins cinq jours à l’avance – elle sait alors si elle doit travailler le samedi matin ou le samedi après-midi et faire appel à ses parents pour garder son fils. Mais ça va changer : le ministre Peeters a concocté une proposition de loi selon laquelle les employeurs ne devront désormais plus communiquer « l’horaire réel » que 24 heures à l’avance au plus tard. Imaginez-vous : savoir la veille si on travaille le lendemain soir ou non. Comment faire pour la garderie ? Ou pour un cours du soir, un club de sport, un engagement bénévole ou autre ?
En outre, la proposition de loi Peeters supprime l’obligation de reprendre tous les horaires dans le règlement de travail. Au lieu de stipuler les heures et jours exacts, le « flexi-contrat » restera vague en ce qui concerne les horaires de travail. Cela signifie de facto que tous les horaires deviennent possibles. Chaque semaine un horaire totalement différent ? Comment avoir encore une vie familiale et sociale ? Impossible de planifier quoi que ce soit, puisque tout peut être chamboulé la veille. L’espace pour organiser sa vie devient extrêmement limité. Les nouveaux « flexi-contrats » sont en fait des « contrats yo-yo ». Le travailleur, et surtout la travailleuse, est en permanence suspendu(e) à une ficelle que l’employeur peut faire monter ou descendre au rythme de l’entreprise, de la production ou du marché. On pourrait penser qu’une contrepartie a été prévue pour le travailleur. Au contraire : il est également question de supprimer le complément de salaire pour les heures supplémentaires. Encore plus de yo-yo, encore plus de flexibilité et encore moins de vie sociale pour moins de salaire. Bienvenue dans le monde merveilleux du travail archi-modulable...
Au lieu des contrats zéro heure, des contrats yo-yo ou du travail intérimaire à vie, il faut un choix de société tourné vers l’avenir : celui de la semaine de 30 heures
Si ça paraît trop beau pour être vrai, c’est généralement que ce n’est pas vrai
Si ça paraît trop beau pour être vrai, c’est généralement que ce n’est pas vrai. C’est par cette phrase que les organisations de consommateurs mettent en garde les clients naïfs qui pensent parfois faire l’affaire de leur vie mais achètent en fait un chat dans un sac. Il n’en va pas autrement pour cette « flexibilité réciproque ». Tout le monde y gagne, affirment les organisations patronales. L’employeur est gagnant, parce qu’il peut moduler au maximum la présence de son personnel, dont il peut disposer à tout moment. Et le travailleur/la travailleuse y gagne aussi, en ayant du temps supplémentaire pour ses enfants, sa famille ou ses loisirs. Idyllique... mais trop beau pour être vrai. Ménager les intérêts du travailleur, de son patron et du client, c’est la quadrature du cercle. Quand les entreprises de la distribution décident d’ouvrir les magasins 7 jours sur 7 ou de livrer le client dans les 24 heures pour augmenter leur chiffre d’affaire et donc leurs bénéfices, elles imposent les horaires de dimanche et de nuit aux travailleurs qui n’ont pas le choix.
L’avantage idyllique de disposer de plus de temps pour les enfants ne vaut pas pour Sophie, tout comme pour beaucoup d’autres mères et pères. Pour s’occuper de son fils, elle préfère ne pas travailler en soirée mais plutôt le matin, quand son fils est à l’école. Même chose pour les samedis. Mais ça, son patron le lui a refusé : Sophie doit se débrouiller pour travailler le soir et le samedi. Elle ne profite donc pas des avantages du mi-temps. En revanche, elle a droit à la précarité liée au mi-temps : elle touche un peu moins de 1 000 euros par mois et doit faire des prouesses pour arriver à nouer les deux bouts. Ce qui provoque un stress permanent. Et la maman enjouée fait de son mieux pour que Lucas ne le remarque pas...
Le féminisme anti-femmes du CD&V
Dans ce nouveau « flexi-régime », combiner vie privée et vie professionnelle est pour ainsi dire impossible. Comment un parent peut-il encore prendre un rendez-vous chez le dentiste pour son enfant ? Ou aller le chercher à temps à l’école ? Comment organiser une fête d’anniversaire quand on ne sait pas du tout s’il faudra aller travailler ou non ce jour-là ? Comment suivre un cours du soir, si le patron peut vous obliger d’un jour à l’autre d’aller au boulot ?
Dans les emplois à temps partiel, les femmes sont surreprésentées en tant que vendeuses, aides familiales, assistantes sociales, nettoyeuses... Pour elles, la flexibilisation constitue un énorme pas en arrière. Combien d’entre elles vont devoir renoncer à leur travail et vont être à nouveau être renvoyées « au foyer » ? A la Une du Knack de la semaine dernière, le président réélu du CD&V Wouter Beke posait dans un T-Shirt le proclamant « féministe ». Le féminisme est à nouveau « à la mode », et à juste titre. « Le CD&V a une tradition de lutte pour l’égalité des genres, et est encore et toujours le chef de file dans ce domaine », se gargarisait le président de ce parti. Voilà qui sonnait bien, à la veille de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Mais il serait probablement bien plus efficace que le président aille en discuter avec son ministre fédéral de l’Emploi.
Car une chose est certaine : les nouveaux flexi-contrats que prépare le ministre CD&V Kris Peeters frapperont avant tout les femmes. Et ils feront très mal. « Ce sont en majorité des femmes qui travaillent à temps partiel. Dans de très nombreux cas, elles travaillent à temps partiel parce qu’il est déjà actuellement difficile de combiner travail payé et travail non-payé. Les propositions de Peeters sont extrêmement néfastes pour les femmes. Il est donc cynique que, cette semaine, ce soit justement le président du CD&V Wouter Beke qui qualifie le CD&V de “parti le plus féministe” », observe Eva Brumagne, la présidente de l’organisation de femmes Femma. Elle a parfaitement raison. Entre-temps, le SETCa (centrale des employés de la FGTB) a déjà mené une action contre les plans de Peeters. Myriam Delmée, vice-présidente du SETCa : « Beaucoup de personnes qui ont un contrat à temps partiel ont plusieurs emplois pour arriver à s’en sortir. Très souvent avec des mauvaises conditions et des horaires très flexibles. Il s’agit surtout du commerce et du travail social. »
Les contrats zéro heure dans l’Horeca comme apéritif
Le projet de Peeters voit le jour dans la foulée des « contrats zéro heure » que le gouvernement a instauré le 22 octobre 2015 dans l’Horeca. Au Parlement, le député fédéral PTB Marco Van Hees s’était alors déjà opposé à cette nouvelle sorte de contrats : « Les grandes chaînes comme McDonald’s, Domino’s Pizza et les groupes hôteliers sont très friands de ce type de contrats, où les travailleurs n’osent pas prendre de jour de congé ou tomber malade parce qu’ils sont soumis à l’arbitraire et à la précarité. Les premières victimes de ces formes d’emploi sont souvent les femmes et les jeunes, qui ont déjà plus de difficultés sur le marché de l’emploi. » Le PTB, le PS, Groen et Ecolo avaient alors voté contre. Quant au sp.a, il était frappant de constater qu’il s’est abstenu, et que Monica De Coninck, l’ancienne ministre fédérale de l’Emploi de ce parti, est intervenue en faveur du principe des flexi-jobs : « Nous ne sommes pas opposés à une législation adaptée. Nous comprenons que le gouvernement veuille agir. Je compte toutefois sur le fait que les flexi-jobs seront instaurés en même temps que la “caisse blanche”. »
La mise en garde de Marco Van Hees était alors très nette : « Il faut être clair : c’est l’introduction en Belgique des McJobs sous-payés et contrats zéro heure. Une loi sur mesure pour les grands patrons du secteur. Ces nouveaux contrats complètement flexibles ne prévoient ni durée de travail ni horaires fixes. Ils sont sous-payés avec des salaires de 8,82 euros de l’heure, largement en dessous du barème le plus bas dans le secteur qui est de 11,24 euros de l’heure. C’est un coup de canif dans notre modèle social qui remet en cause le contrat de travail classique, les conventions collectives sectorielles et la concertation sociale. Si cette mesure passe, ce sera une brèche qui sera potentiellement élargie à tous les secteurs. » C’était il y a un peu plus de cinq mois. Aujourd’hui, on voit qu’il avait plus que raison.
Les expérimentations de Peeters dans l’emploi : terrains d’essai de la régression
« Dans une économie numérique moderne, les horaires fixes et les contrats à durée indéterminée sont souvent dépassés », expliquait Kris Peeters fin février dans De Standaard. Ici, le ministre a une série de propositions toutes prêtes. C’est ce qu’il appelle des « terrains d’essai », ou des « expérimentations dans l’emploi ». Le ministre pense par exemple à l’allongement du nombre maximal des heures de travail sans supplément de salaire à 10 heures par jour ou 48 heures par semaine, afin de faire face aux « pics dans la production ». Il devrait également être possible d’établir des contrats de travail « sans réglementation spécifique du travail ». Ce sont les fameux contrats « zéro heure », avec lesquels on ne sait pas à l’avance combien d’heures on va devoir travailler, et encore moins selon quels horaires. Une autre expérimentation serait la création d’un statut « low-cost » pour des travailleurs free-lance, « quelque part entre indépendant et travailleur salarié ». Enfin, le ministre pense également aux contrats intérimaires à durée indéterminée, dans lesquels on travaillerait en permanence comme main-d’œuvre flexible au service d’une agence d’intérim. La flexibilité avant tout, tel est le credo de Peeters.
Le monde fabuleux du travail flexible à souhait se déploie surtout dans le secteur intérimaire
Tout cela n’a absolument rien de « moderne ». Ni d’original non plus. Partout en Europe, le marché de l’emploi est mis sens dessus dessous. J’évoquais déjà fin 2014 dans l'hebdomadaire Knack (à lire ici) la manière dont les sociaux-démocrates comme Renzi (Italie), Hollande (France) et Samsom (Pays-Bas) contribuaient activement à transformer la stabilité sur le marché de l’emploi en une incertitude permanente. Les contrats à durée indéterminée et les horaires fixes disparaissent. Ils sont remplacés par des contrats temporaires, de travail intérimaire et d’horaires hyper-flexibles. Et ainsi, partout, les gens subissent une régression. Avoir un emploi devrait assurer la sécurité, la suppression du doute et de l’incertitude. Ne pas vivre tous les jours dans l’incertitude ou l’anxiété en s’interrogeant sur son horaire, sur son planning de travail, sur son salaire ou sur le fait d’être certain ou pas d’encore avoir du boulot le lendemain. Avec ses « terrains d’essai », le ministre Peeters recule encore de quelques échelons en direction du travail précaire. Précaire, cela signifie incertain, problématique, douteux, qui n’offre aucune garantie de durée, de stabilité, qui peut toujours être remis en cause. Des heures incertaines, un salaire incertain, une vie familiale incertaine, une santé incertaine.
Intérimaire jusqu’à la fin de ses jours
Le monde fabuleux du travail flexible à souhait se déploie surtout dans le secteur intérimaire. L’an dernier, un nouveau record a été battu : jamais encore il n’y avait eu autant d’intérimaires qu’en 2015. Chaque jour, on dénombrait environ 100 000 intérimaires travaillant à temps plein. C’est énorme. Normalement, en tant qu’intérimaire, on a droit au même salaire, aux mêmes indemnités et primes que les travailleurs statutaires. On a droit aux vêtements de travail gratuits, tout comme ses collègues statutaires. On a aussi droit à un salaire pour les jours fériés, en cas de maladie ou d’accident de travail. Et lorsqu’on n’a temporairement pas d’intérim, on a droit à une allocation de chômage. Tout cela n’est que logique, parce que l’emploi intérimaire devrait encore constituer un emploi à caractère exceptionnel, ou un tremplin temporaire vers un emploi fixe dans une entreprise.
Tout cela est désormais mis sous pression, avec les « terrains d’essai » sur lesquels planche le ministre Peeters. Le ministre envisage ainsi la possibilité de créer des contrats intérimaires à durée illimitée. Cela signifie que le travailleur sera lui-même responsable de tous les risques inhérents à son statut d’intérimaire. L’agence d’intérim déterminera où elle l’enverra travailler. S’il refuse, parce que l’horaire ou l’endroit sont impossibles à combiner avec sa vie familiale, il sera lui-même responsable de la « rupture » du contrat. Que se passera-t-il alors ? Quid des salaires ? Sous quelle commission paritaire va-t-on travailler ? Avec quels avantages extralégaux ? Qui prendra à son compte les frais de déplacement ? Jusqu’où ira l’exigence de polyvalence qui contraint les travailleurs à accepter toutes les tâches possibles et imaginables ?
« Je perds ma dignité : partout où je vais, je ne fais que passer »
Travailler toute sa vie en tant qu’intérimaire signifie qu’on n’est plus lié par contrat à une entreprise, à un lieu de travail, à des collègues. Le travailleur devient un pion sur l’échiquier de l’agence d’intérim. Ainsi, ces dix dernières années, le nombre de contrats journaliers à doublé. En 2014, 60 % de tous les contrats intérimaires étaient des contrats journaliers. Un emploi pour un jour. Chaque jour, un nouveau boulot. Chaque jour, un nouveau lieu de travail et d’autres collègues.
Pour savoir à quel point c’est lourd, il faut entendre Noah. Il a 31 ans et veut désespérément un emploi stable : « Chaque fois, quand l’agence d’intérim me dit que je ne dois pas retourner au même endroit le lendemain, j’ai le sentiment que c’est de ma faute. J’ai l’impression d’être une balle de tennis que les employeurs se passent sans arrêt. Je suis encore jeune, j’ai encore de l’énergie, mais c’est pénible. Je dois sans cesse apprendre une nouvelle tâche, m’adapter à de nouveaux collègues, réorganiser mon transport, adapter ma vie familiale. En tant qu’intérimaire, on est toujours entre l’espoir et la déception. Je dois montrer en permanence de quoi je suis capable et, à la fin de la journée, on sait si je suis disqualifié ou pas. C’est épuisant. Tout le temps vivre dans le doute, ça vous ronge, ça vous mine physiquement aussi. J’en perds mes cheveux, j’ai en permanence des problèmes d’estomac. Je perds ma dignité. Partout où je vais, je ne fais que passer. » Témoignage douloureux que celui de Noah...
S’il y a une tempête à Paris, espérons qu’il pleuve à Bruxelles
Immenses protestations en France contre la réforme du marché de l’emploi de Hollande
Rendre possibles des journées de travail de 10 heures et des semaines de travail de 48 ou 60 heures sans supplément de salaire. Dans notre pays, avec les « terrains d’essais » de Peeters, c’est un gouvernement de droite qui y pense. En Italie, aux Pays-Bas, en France, ce sont des gouvernements sociaux-démocrates qui l’imposent. En France, ce que Nicolas Sarkozy n’avait pas osé faire figure désormais bel et bien au menu du président social-démocrate François Hollande : le chamboulement total du Code du travail. Ainsi, les journées de travail de 10 heures et les semaines de 60 deviendraient possibles, sans heures supplémentaires. Les temps de repos seraient diminués, les CCT vidées de toute substance. On ne peut imaginer davantage de flexibilité.
Entre-temps, en France, c’est un mouvement d’une ampleur impressionnante qui s’est mis en branle. Dans la foulée immédiate de l’annonce de la proposition de loi, le 18 février, la militante féministe Caroline De Haas a lancé une pétition sur Internet, soutenue par les syndicats. En moins de 15 jours, plus d’un million de signatures (!) ont été récoltées contre la nouvelle « Loi Travail » du gouvernement social-démocrate de Hollande. C’est la pétition la plus virale de l’histoire : la plus partagée et la plus signée. Citoyens, blogueurs, écoliers, syndicats, étudiants, youtubeurs... tous unis en résistance contre la nouvelle loi sur le travail. Sur Facebook et Twitter, le hashtag #OnVautMieuxQueÇa est devenu particulièrement populaire. Des milliers de jeunes témoignent sur les réseaux sociaux du ras-le-bol d’une génération qui perçoit le travail de plus en plus comme synonyme d’insécurité, d’hyper-flexibilité, d’intimidation et d’incertitude. Ce mercredi 9 mars, dans 135 villes de France, il y aura des manifestations, avec une seule revendication : le retrait de la nouvelle loi sur le travail. S’il y a une tempête à Paris, espérons qu’il pleuve à Bruxelles
La nouvelle économie numérique n’a pas besoin de précarité, mais d’une redistribution du travail sans perte de salaire
L’économie numérique moderne n’a pas besoin d’un précariat. Bien au contraire. Si on veut faire face à la révolution numérique, il existe aussi un tout autre modèle. Bien meilleur, bien plus social, bien plus respectueux des genres et bien plus sûr. Je parle de la semaine de 30 heures généralisée, sans perte de salaire. Une redistribution générale du travail qui non seulement aidera bien plus de gens à trouver du boulot, mais qui fera en même temps baisser considérablement les facteurs de stress et de surmenage. Il y a six mois, à la maison de repos et de soins de Svartedalen, en Suède, un projet-pilote de semaine de 30 heures a été lancé. Un premier rapport d’évaluation a déjà été établi. Il apparaît que les retombées sont positives sur quasiment toute la ligne. Davantage de régularité dans le travail, moins d’heures supplémentaires, un personnel plus stable, une motivation accrue, du personnel soignant nettement plus détendu ainsi qu'une qualité des soins accrue. J’ai abordé cette expérience en novembre 2015 dans Knack (à lire ici, en néerlandais). Au lieu d’inventer des absurdités comme les contrats zéro heure, les contrats yo-yo ou le travail intérimaire à vie, il me semble bien plus judicieux d’opérer un choix de société tourné vers l’avenir, celui de la semaine de 30 heures. Une manière de travailler où les gens ne sont pas en permanence suspendus à une ficelle, mais où ils peuvent à nouveau gérer leur propre vie.
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